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Le gisement atérien de l'oued Djebbana est situé à 97km au sud de Tébessa dans l'est algérien, à 2 km environ au sud-ouest de la localité de Bir El Ater. D'après J. Morel (1974 et 1978), la station située sur la rive concave d'un méandre, n'existe pratiquement plus, sa destruction est due aux violentes crues de l'oued.
L'Atérien est un faciès culturel du paléolithique moyen, d'origine Nord-africaine et de facture levalloisienne. Il tire son appellation du nom de la localité de Bir El Ater. Sur le plan typologique, il est caractérisé par la présence d'une série de pièces pédonculées plus ou moins abondantes selon le faciès. Pédoncules dont le Moustérien maghrébin ou celui d'Europe en sont dépourvues. Cette excroissance, a probablement servi à l'emmanchement des outils.
On doit à M. Reygasse la découverte en 1917, dans la falaise d'un méandre de l'oued Djebbana, d'un niveau archéologique riche en industrie, en cendres et en faune, sans en donner une explication à la coupe schématique du gisement qu'il avait présenté en photo. Et c'est à J. Morel, en 1944, que revient le relevé de la stratigraphie, suivie d'une explication assez détaillée. Enfin lors du congrès archéologique d'Alger en 1945, le Comte Begouen évoque avec distinction l'identification des couches stratigraphiques de la falaise; avec en haut le capsien et en dessous la couche moustérienne assez épaisse, à 3m au dessous du sol actuel.
Le matériau de base qui a servi à la fabrication des outils de oued Djebbana est constitué en grande majorité de silex, avec une nette densité de pièces transformées en outils avoisinant les 85%; et, une prédominance du débitage levallois sur celui du moustérien. Ces outils peuvent se présenter sous forme de racloirs, de grattoirs, de pointes, de pièces à coches, sont obtenus à partir de silex Suessonien de très bonne qualité, unicolore et rarement zoné. Sa couleur varie du gris au brun foncé, quelques uns sont d'une teinte rouge, jaune olive ou blanche.
On a jusqu'à aujourd'hui pas découvert de trace des humains atériens responsables de cette industrie, mais des éléments de parure comme l'ocre rouge et jaune furent recueillis au niveau du site. Et dans une ancienne collection ancienne d'outils prélevée à oued Djebanna, des archéologues ont retrouvé une coquille marine perforée de la coque Nassarius gibbosulus qui serait selon les deux chercheurs Marian Vanhaeren (University College London CNRS) et Francesco d'Errico (CNRS), Nassarius gibbosulus de oued Djebbana auteurs de cette découverte, l'un des plus anciens styles de décorations personnelles connus. Alors que le gisement de Bir El Ater est à 200km de la mer, la présence de Nassarius gibbosulus ne pourrait être perçue que comme un transport lointain, un apport du littoral méditerranéen.
Sources: |
Aomar Guelmaoui, Essai d'analyse morphotechnologique d'industries lithiques atériennes d'Algérie. Vol.1 et 2. Alger, OPU, 2003 |
Nour-Eddine Saoudi, Les temps préhistoriques en Algérie. Alger, Dalimen, 2002 |
Internet, 2009 |
Cette découverte repousserait selon les deux chercheurs, l'apparition de ce type moderne de comportement humain qu'est la décoration et la parure à, 100 000 années.
La datation donc, du site de oued Djebbana pourrait dépasser les 90.000 ans B.P., et au vu de la technique de taille et styles d'outils lithiques retrouvés ainsi que les coquillages exhumés, cela effaçerait du coup la précédente datation radiocarbone qui avait indiqué un âge de 35.000 ans. Une différence de taille, de plus de 60.000 ans.