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La ville de Tubusuptu (Tiklat) est située à 3 km dEl-Kseur et à 30 km au sud-ouest de Béjaïa (Bougie), sur la rive gauche de la Soummam. Elle est dressée sur une éminence qui domine la vallée formée par la rivière. Son nom antique est attesté par Pline (HN 5.21), Ptolémée. (4.2.7), Ammien Marcellin (29,5. 11), la géographie de Ravenne, et Julius Honorius (GLM 48). Par contre, il ne l'est pas dans l'itinéraire d'Antonin, sur la description de la route joignant Saldae (Bougie) et Rusuccuru (Dellys) par l'intérieur. Comme Saldae, cétait une colonie fondée par Auguste en 27 av. J-C. et composée des vétérans de la 7e légion Augusta, d'où son appellation de COLONIA IVLIA AVG(VSTA) LEGIONIS VII TVBUSVPTV. La cité dont le nom nous est donné par cette dernière inscription, était inscrite dans la tribu arnensis. Selon certaines explorations, les vestiges pourraient aller jusquaux berges de l'oued Nasava, le nom antique de la Soummam.
Les auteurs latins la citent surtout à propos de la guerre de Tacfarinas, qui s'est déroulée en l'an 25 de l'ère chrétienne. Le berbère révolté contre Rome avait occupé la région de la Nasava (Soummam) et assiégé Tubusuptus, mais le proconsul Dollabela, a pu réunir de grands renforts et l'a forcé à lever le camp. Trois siècles après, c'est un autre prince berbère, Firmus, qui va prendre Tubusuptus. Mais livré par les siens, Firmus préférera se donner la mort plutôt que d'être prisonnier de l'ennemi connu pour ses cruelles revanches.
Le site de TiklatBien que les ruines aient souffert de l'activité agricole prospère dans cette région, il reste des vestiges considérables, parmi lesquels des remparts, une immense citerne, divisée en quinze compartiments reliés, de chacun 30m,60 de longueur sur 4m,15 mètres de largeur et 6 de profondeur du fond à la naissance des voûtes en plein cintre. Celle-ci est alimentée par un aqueduc venant de l'ouest. Les citernes à l'est étaient alimentées par un aqueduc qui partait du sud et traverserait la rivière par un pont aujourd'hui disparu. Au sud de l'éminence d'importants bains occuperaient une surface de 50 mètres carrés. Les principaux aqueducs reconnus n'étaient pas contemporains, ce qui semble t-il, attesterait de la vocation défensive du site qui fût chef lieu d'un district militaire sous le bas empire et justifieraient ces édifications dans une région qui a connue plusieurs révoltes aux 3e et 4e siècles après J.-C. Plusieurs vestiges ont disparus et ceux qui restent demeurent confus, rendant plus difficile une datation des principales ruines.
À 900 m au sud de la ferme moderne, les inondations de la plaine alluviale ont révélé un réseau de murs formant un ensemble d'édifices funéraires avec banquettes, sur lesquels ont été fixés des urnes cinéraires; ceux-ci devaient faire office de columbariums. Une des chambres se termine dans un sanctuaire tripartite, précédée d'une cour. À côté de ces structures funéraires des traces d'établissements industriels ont été trouvées.
Les citernesEn outre, la région de Tubusuptu a la particularité d'être très riche en oliviers. Plusieurs amphores marquées comme provenant des officines de Tubusuctu ont été retrouvés à Rome prouvant son importance économique et commerciale à partir du début de l'ère chrétienne [ ex o(fficina) guli(i) honor(ati) p(rovinciae) m(auretaniae) c(aesariensis) tub(usuptu) ]. Dans les environs, il existerait de nombreuses autres traces d'établissements agricoles, à un kilomètre au nord subsistent les vestiges d'un mausolée.
Sources: |
S. Gsell, Atlas archéologique de l'Algérie, n° 7, 1911 |
J. Lassus, Libyca 7 278-93PM, 1959 |
Birebent, Aquae romanae, 27 473-83PM, 1962 |
Stillwell, Richard. MacDonald, William L. McAlister, Marian Holland, The Princeton encyclopedia of classical sites. Princeton, NJ Princeton University Press, 1976 |
Boualem B., Sites historiques à Bgayet : Un plan pour la mise en valeur de Tiklat |
Journal El Watan |
Photos: |
Internet: © toutbougie.com & aokas-aitsmail.forumactif.info |
Plusieurs inscriptions latines étaient conservées dans le jardin de la ferme Tikla. Des épitaphes dont certaines ont un aspect très rare en Afrique, des stèles dédiées à Saturne et de la poterie sont entreposées au musée de Béjaïa. Aujourdhui, une mosaïque presque intacte est toujours présente sur place.