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Construite par les Arabes au coeur de l'antique Milev, la mosquée de Sidi Ghanem est datée de l'an 59 de l'hégire (678 de J.-C.), c'est à dire quelques temps à peine après l'entrée de l'islam en Afrique du Nord. C'est la plus ancienne mosquée d'Algérie et la deuxième construite au Maghreb après celle de Kairouan. Elle est l'oeuvre de Abou Mouhadjir Dinar, compagnon de Sidi Okba qui s'est arrêté dans les environs de Biskra. C'est lui qui fit entrer, en 673 de J.-C. (55 Hg), la nouvelle religion à la ville de Mila qui était à l'époque fortement christianisée.
Découverte en 1929 par un officier français, la mosquée suivait les plans de construction de celles de Kairouan et de la mosquée Omeyyade à Damas. Elle fut bâtie sur les restes d'une basilique chrétienne. Les colonnes de facture romaine reposent sur des plinthes carrées et supportent des arcades presque de plein-ceintre, legèrement augues, construites en briques rouges. Certaines conservent leurs chapiteaux décorés. D'autres sont montées en briques pleines avec un dimensionnement carré et remplacent les colonnes manquantes. A l'exterieur, il ne subsiste que l'enceinte byzantine. Lorsqu'elle fut transformé en lieu de culte islamique, son minaret d'une hauteur de 62 mètres conservait ces 365 marches du nombre de journées dans l'année.
Vue des arcadesSelon Mohamed Abou, chercheur en histoire spécialisé dans l'étude du bâti religieux et l'édifice musulman, la mosquée fut baptisée «Sidi Ghanem», en l'honneur d'un saint local vénéré pour sa science et son érudition.
La forme de l'arcadeDe sérieuses modifications furent entreprises par les français dès le début de l'occupation de la ville de Mila. Son minaret fut abattu, et ces pierres qui ne manqueront pas de détruire également le plafond de la mosquée, furent réutilisées pour contruire la nouvelle église et le bureau de poste. La partie reservée à la prière fut divisée en deux parties: la partie haute comme dortoir pour les soldats, la partie inférieure comme étables pour animaux. Pour être transformée plus tard en hôpital et la mutation de la «Maison de l'Emirat» de Abou Mouhadjir Dinar en cuisine pour la soldatesque. Les toitures de l'édifice furent remplacées par une toiture classique avec tuiles sans l'attrait d'antant propre à l'architecture islamique au Maghreb.
Sources: |
Fatiha Zemmamouche, Sidi Ghanem..Ou quand le soleil de l'islam découvre "Milev". in El Khabar Hebdo, N° 601, 1-17 septembre 2010 |
Photos: |
Sauf mention particulière, elles sont l'oeuvre de Abdeslam de Mila, avec son aimable autorisation. |
Navrant que ce bel édifice ne bénéficie point de recherche archéologique moderne au regard de son triptyque civilisationnel, romain byzantin et arabe. Ces jolies et fines arcades mériteraient une restauration scientifique et adéquate, sans l'intervention du ciment gris.