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Focus Algérie Pierres du DZ |
À sept kilomètres à l'est de la Fontaine chaude, entre Aïn Yagout et El Madher, dans la wilaya de Batna, se dresse sur un col, coupure de la chaîne de petits mamelons qui cernent la plaine de Chemmora, et à une altitude de 907 mètres, un monument ayant la forme d'une pyramide très aplatie, consistant en un cylindre droit surmonté d'un cône tronqué dont l'arête est inclinée d'environ 60 degrés. C'est le Medracen que l'on nomme généralement Medg-hasen ou improprement «Tombeau de Syphax». Son nom vient probablement d'un ancêtre des libyens nommé Madghis. Et il serait le plus ancien monument funéraire de Numidie puisqu'il date de la fin du IVe siècle avant J.-C.
Medracen, serait la dernière demeure des Maessyles, l'une des dynasties berbères ayant régné sur le massif des Aurès (400-300) et, précurseur selon certains, des fameux djeddars que l'on retrouve un peu partout en Afrique du Nord.
Le mausolée funéraire du Medracen avec ses 59 mètres de diamètre et 20 mètres de hauteur, orné de soixante colonnes aux chapiteaux de style dorique, dont huit pour l'encadrement des portes, aurait été édifié en 300 av. J.-C., soit trois siècles avant un autre monument connu de la région de Tipaza: le «Tombeau de la chrétienne».
Le monument qui puise clairement ses racines dans la
protohistoire berbère, selon les archéologues,
est également emprunt d'influences égyptienne et
grecque vraisemblablement apportées par Carthage. Il fut
édifié suivant un étonnant principe.
La disposition des pierres taillées obéit
à la loi du chiffre 7. Exemples, la hauteur des colonnes
2m643 multipliée par 7 donne la hauteur du
mausolée. 2,643 est la racine carrée de 7.
Un
«lemkherbga»,
jeu de dames ancestral aurassien aux
sept rangées de sept trous, est sculpté
à même les gradins. L'escalier qui donne
accès du caveau des lions au sol de la galerie de
l'hypogée contient sept marches.
Selon Saci Abdi,
«on retrouve cette numérologie dans la
cabalistique hébraïque et la mythologie
chrétienne».
Le Medracen a été décrit par Shaw et Peysonnel. La découverte de son entrée aurait été faite par le capitaine Collineau en 1849 qui fut le premier à y pénétrer. D'autres savants comme Becker, dans l'annuaire archéologique de Constantine (1854-1855), le commandant Fay dans la même publication (1856-1857), ont aussi dressé une description complète ainsi que ses dimensions. L'annuaire de 1864 contient un plan à échelle développé (1/50e), dressé par l'architecte Leclerq. Henry Pomart, en a fait une étude comparée avec le tombeau de la chrétienne en 1920, dans la revue africaine N°61 dont voici les principales dimensions en mètres qu'il avait révélées.
Circonférence de la corniche | 177m50 |
Hauteur du monument | 18m50 |
Rayon de la 10e marche | 18m50 |
Hauteur de la corniche | 05m25 |
Hauteur du cône tronqué | 13m85 |
Diamètre de la plateforme | 11m85 |
Hauteur des colonnes | 2m643 |
Largeur du trottoir existant autour du monument | 04m33 |
Diamètre du cercle extérieur du trottoir | 63m94 |
Le site du Medracen au même titre que d'autres sites algériens classés au patrimoine mondial ont fait l’objet d’une visite en novembre 2006, d’une mission technique du WMF (The World Monuments Fund), fondation mondiale spécialisée dans la préservation des sites mondiaux. En 2007, celle-ci établit que l'état du site est de plus en plus inquiétant et «s’est détérioré à cause, notamment, de certains phénomènes naturels en plus d’actes de vandalisme»...
Sources: |
Noureddine Khelassi, Maghreb, de l'Antiquité à l'arrivée des Français. Géo Histoire (Avril 2007) |
Henry Pomart, Étude sur le Madracen (Tombeau de Syphax) et le Kebeur Roumia (Tombeau de la chrétienne)Revue africaine N° 61 (1920) |
A. Berbrugger, ...Revue africaine N° 12 (1868), p.120 |
Désormais, le mausolée du Medracen fait partie de la liste des 100 monuments et sites historiques mondiaux les plus menacés dressée par le WMF en 2007.