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«Dans la dernière muraille déchiquetée de l'Atlas saharien, par les gorges, s'ouvre à nous, la trouée qui nous mène à El-Kantara. De la apparaît, découpée dans l'arête des monts rougeâtres, la brèche de lumière ouverte sur l'horizon illimité du Sud.»(*)
«C'est par l'oued Bou Biyad, qu'on aboutit aux gorges d'El Kantara. La faille taillée dans la masse dégage dans le col de Sfa à pic dans le massif imposant». Ce parvis du désert, le romain le dénommait Calcus Herculis ou ad Calceum Herculis. Selon la légende, Hercule aurait creusé d'un coup de pied ce passage entre la chaîne des Aurès et les oasis sahariens, et l'avait imprimé dans la montagne. Les arabes le nomment Foum-Es-Sahra, «la bouche du désert».
Selon Stéphane Gsell, « l'oasis d'El Kantara a pris nom d'un pont romain, qui s'est conservé à peu près intact jusqu'à nos jours, mais que le génie militaire a restauré d'une manière maladroite en 1862 ; un certain nombre de pierres ont été remplacées par des blocs neufs ; on a raclé soigneusement les autres et refait tous les joints, si bien que le monument a perdu son aspect antique. »
L'oasis comprend trois villages qui sont : le Village Rouge, sur la rive droite (ouest) de l'oued El Haï, qui traverse l'oasis du nord au sud; le Village Blanc sur la rive gauche; le Village Noir sur la même rive que le précédent, à quelques centaines de mètre en aval, et qui a fourni le plus grand nombre de vestiges.
Le Village Noir occuperait probablement l'emplacement de la principale agglomération antique. Dans cet endroit, les romains entretenaient une importante garnison pour interdire aux nomades transhumants ou aux rebelles berbères, l'accès des Marches. Des auxiliaires venus de Syrie, principalement des archers, assistaient dans cette tache les légionnaires de la IIIe légion Auguste. L'onomastique d'El Kantara comporte un fort élément sémitique, et plus précisément palmyrénien. L'épitaphe palmyrénienne d'un de ces Syriens, un Pamyrénien du nom de Raphaël, a été lue par l'abbé Chabot. En outre, on a révélé la présence à El Kantara, entre 212 et 217, à côté du numerus Palmyrenorum connu depuis longtemps et supposé avoir été créé par Septime Sévere, d'un numerus Hemesenorum.
Lors de la construction d'un poste de surveillance dans cet endroit, sous le règne de Caracalla, il fut installé un commandant de corps à El Kantara, un nommé Caius Julius Aelurio. Le légat de Numidie à cette époque étant M. Valerius Senecio.
Les gorges d'El KantaraSources: |
Masqueray, E. Mission dans le sud de la province de Constantine. |
Gsell, S. Monuments antiques de l'Algérie. p.7 |
Le livre d'or du département de Constantine (1924) |
Chabot, C. r. Ac. Inscr., 1925, p. 242 |
Dans l'oasis d'El Kantara, on avait retrouvé des
fragments d'architectures et de statues, des bas-reliefs et des
inscriptions éparses qui ont
été réutilisées par les
habitants dans
leurs
maisons et jardins. Elles furent ensuite
recueillies par Vulpillières qui a
formé une
collection lapidaire de grande importance. Parmi celle-ci, on citera un milliaire assez rare au nom d'empereur Falvius Victor, prince de la fin du IVe siècle.
Mais le plus emblématique des vestige reste le pont romain
qui demeure debout au nord de Calcus Herculis. D'autres ruines existaient
également non loin d'ad calceum à Henchir
Sekroun, probablement celles d'Ad Duo flumina
sur les berges de l'oued Agroum.