jijel-archeo |
Jijel, Archéologie d'un espace |
La cité antique d'Igilgili occupait l'emplacement actuelle de la citadelle, dans la presqu'île qui couvre le port par le nord-ouest. Jusqu'à maintenant, on ne connait pas l'importance berbère de la ville d'Igilgili. On sait tout à fait, qu'elle fut d'abord une colonie marchande des puniques (phéniciens et carthaginois), puis cité romaine.
Selon Charles Féraud, l'enceinte romaine qui ceinturait la cité n'a pas résisté aux aléas du temps et aux assauts de la mer. A l'arrivée des français: « il n'existait que des masses informes que la mer n'avait pu atteindre et ronger». Sur le djebel El-Korn, existait également une tour romaine hexagonale que le Duc de Beaufort avait relevé, en 1664, pour construire un poste avancé en direction de l'arrière pays, le fort des Français qui deviendra plus tard le fort St Ferdinand.
Statuette en bronzePeu d'antiquités furent trouvées sur le sol jijellien, sans doute à cause de la mal conservation des pierres et de leur nature friable. Sans oublier également, les effets dévastateurs, de ou des seismes qui ont frappés la région les siècles d'avant. Le dernier le fut en 1856. Mais, on sait également qu'il y eut beaucoup d'autres durant la vaste antiquité. Néanmoins , des quantités énormes de restes de blocs et de pierres furent réutilisées par les envahisseurs succéssifs.
Pour étayer la richesse ancienne de vestiges d'Igilgili et de ses environs, voyons, comment décrit l'abbé Sachet, vicaire général d'Alger, les environs immédiats de la ville de Jijel, moins d'une année après sa prise par les français. «On trouve à chaque pas des ruines romaines, des restes de murs et quelques tronçons de colonnes. La porte de la ville est de style arabe, construite sur un ancien débris de temple païen ou chrétien; près de là, et tout au bord de la mer, est une fontaine antique très abondante; tout auprès on voit une fort belle mosaïque très bien conservée. J'ai vu encore dans un champ voisin, que les militaires ont converti en jolis petits jardins, d'autres mosaïques assez belles, dont j'ai détaché, avec beaucoup de peine, quelques petits fragments que je conserve comme souvenir...»
Stéphane Gsell cite également une mosaïque entreposée au musée de Skikda représentant le buste de Bacchus, couronné de lierre.
Mosaique trouvée en 1839 à l'intéreur de la citadelle, l'ancienne ville de JijelLors de l'édification de la nouvelle ville coloniale, il fut découvert de nombreuses pierres de taille, de futs de colonne et de vastes mosaïques...enfouis seulement à un mètre du sol actuel. Preuve également, que les romains avaient tout aussi occupé la petite plaine qui allait de la presqu'île jusqu'au promontoire où l'on a édifié le fort Dusquenes. Une bonne densité se trouvant le long du littoral.
Autre pan de la mosaïqueIgilgili fut élevée au rang de colonie
romaine sous
Auguste. Elle faisait d'abord partie de la Maurétanie
Césarienne pendant le règne de Claude, puis passa
dans la
Maurétanie Sétifienne, lors de la
création de cette dernière, sous
Dioclétien.
Inscriptions latines | Traductions & explications |
I. La première inscription d'Igilgili.....ONS..ANTIVS AVGVS .....VS NOBILISSIMVS CAES .....RORVM....VT NEC MEMORIA VETER ...............EARER ...... CIVITAT ..............ETY.........SVSSTE .....ETIAM...F............SSEN .....REBVS F OMNIBVS RESTITUTA .....ARTERE F ..ONTIE ..VS CETERIS ETIA .....ORANTE .....ATIS ET IN INTEGRVM EPERF ...........ESERTAM EXPV ....CTISSIM .........DEDICAVIT |
Échantillon épigraphique copié lors de la prise de ville par les français en 1839. Bien que comportant quelques incertitudes, elle s'avérerait être pourtant la première inscription relevée à la citadelle de Jijel. |
II. L'inscription de BaebiusO. BAEBVS BATO. V.S.L.A. |
Autre fragment épigraphique trouvé à Jijel au début de la colonisation. « Octavius Baebius Bato votum solvit libens animi » Octavius Baebius Bato a accompli son voeu de bon coeur (Batonis au génitif) est un nom qui a
été porté par des chefs germaniques |
III. L'inscription des ZimizesTERMINI POSITI INTERIGILGILITANOS IN QVORVM FINIBVS KAS TELLVM VICTORIAE POSITVM EST ET ZIMIZI VISCLANT ZIMIZES NON PLVS IN VSVM SE HABER EX AVCTO RITATE M VETTI LA TRONIS ' PROC ' AVG QVA IN CIRCVITV AMVRO KAST ' P D PR ' LXXXIX TOR QVATO ET LIBONE COS |
Importante inscription découverte par le capitaine du génie Bugnot, lors du creusement des fondations des remparts autour de la ville, entre le fort St Ferdinand, dans le cimetière musulman, et l'anse des Béni Kaïd, à 1m 50 au dessus du sol. Elle fut déposée au bureau du génie. Aujourd'hui, on ne sait pas où elle se trouve. «Bornes placées entre les Igilgilitani, dans les limites desquels est situé le Castellum Victoriae et les Zimizes, afin que les Zimizes sachent que par décision de Marcus Vettius Latro, procurateur de l'empereur, ils n'ont pas droit d'usage autour du Castellum, sur plus de 500 pas à partir du rempart. L'an de la province 89, Torquatus et Libo étant consuls. » (Traduction de Léon Renier) Cette inscription est datée de 128 de J.C. et on y retrouve mentionné, l'une des tribus des alentours d'Igilgili durant la période romaine, les Zimizes, que la Table de Peutinger place entre les localités de Rusicade (Skikda) et Igilgili (Jijel). |
Les milliaires d'Igilgili | |
I. Les 1ers milliaires....................COS PROCOS NEPOTI DIVOR GORDIANO RVM AB IGILGIL. .................... |
Fragment de colonne milliaire trouvé aux alentours de l'ancienne ville de Jijel, vers la moitié du XIXe siècle. Décrit par Léon Renier , dans son recueil des inscriptions de l'Algérie, celui-ci porte le nom romain d'IGILGIL, donné à ce district de la Maurétanie. « [Imperatori Caesari Marco Antonio Gordianoe / pro Felici Augusto.....]/ consuli proconsuli nepoti / divorum Gordiano/ rum Ab Igilgili/ [.....millia passum.] » |
IMP CAES M ANTONO (1) GORDIANO PIO FELI .................... .................... P P COS II..OC (2) NEPOT. DI VORVM GOR DIANORVM NILIARIVM I |
Premier milliaire, ou première borne placée dans l'antiquité à un mille d'Igilgili sur la voie qui partait pour Saldae, trouvé à 700m de la porte de la ville.
2. Il faut lire probablement : P P COS PROCOS |
Borne trouvée dans les années 80IMP CAESCNHO VL. RO M XL PIO FELICI AUG PONT MAX TRIB POT COS PP PRO COS AB IGILGILI MIL P I |
Milliaire trouvée durant les années quatre vingt, près de l'entrée sud du stade communal de Jijel, lors de travaux de confortement d'un mur, à environ un mètre du sol. La particularité de cette inscription pour nous est de voir transparaître sur une borne millénaire, pour la première fois, le nom d'IGILGILI, connu seulement par les documents écrits. Ce milliaire daterait de l'empereur Maximin, entre 235 et 238 après J-c. Il se trouve actuellement au musée de Jijel. Restauration approximative sujette à rectification: «imp(eratori) caes(ari)/c(laudio) julio vero maximino/pio felici/aug(usto) pont(ifico)/max(imo) trib(unicia)/pot(estate) co(n)s(uli) p(atri) p(atriae)/proco(n)s(uli)/ab igilgili mil(lia)/p(assum) I » |
II. Les 22e milliairesImp(eratore) Caes(are) L(ucio) Sep]/[timio Severo] / [Pio Pert(inace) Aug(usto)] / [Arab(ico) Adiab(enico)] / [max(imo) pont(ifice) max(imo)] / [trib(uniciae) pot(estatis) VI co(n)s(ule)] / [II proco(n)s(ule) et] / M(arco) Aurel[io An]/ tonino Aug(usto) [t]/ rib(uniciae) potes(tatis) pro/ co(n)s(ule) et / [[P(ublio) Sept(imio)]] / [[Geta nob(ilissimo) Caes(are)]] / ab Igilgili m(ilia) / p(assuum) XXII |
Les milliaires de Mechta Terfia
|
Imppp(eratoribus) Cae[sss(aribus) L(ucio) S]epti/ mio Sever[o P]io / Pertinace Aug(usto) Ara/ bico Adiabenico / Part(h)ico maxsimo(!) / p(atre) p(atriae) co(n)s(ule) III Imp(eratore) Caes(are) / M(arco) Aurelio Antoni/ no Pio Felice Aug(usto) p(atre) p(atriae)/ co(n)s(ule) II [[[P(ublio) Septimio]]] / [[[Geta nobilissimo]]] / [[[Caesare principe]]] / [[[iuventutis]]] / ab Igilgili m(ilia) p(assuum) / XXII // D(omino) n(ostro) Imp(eratori) L(ucio) / Domitio / Alexa(n)dro / Invicto Pio Fe/ lici A(u)gusto |
2. AE 1981, 0922a.Ces deux millaires du XXIIe milles seront regroupées prochainement dans la série des bornes de Terfia, important croisement de la voie romaine Igilgili Cuicul. Certaines inédites ont été traitées dans la partie consacré à Béni Yadjis. > Voir |
NUMISMATIQUE | |
Pièce
de monnaie romaine trouvée près de
l'église de Jijel, aujourd'hui détruite. Elle
représente à l'avers le buste lauré de
l'empereur Philippe dit Philippe l'Arabe, car il est né en
Syrie. L'inscription |
|
L'autre
face porte l'inscription suivante : |
|
Antiquité | |
I. Base de colonne à El-Kseur (Ghrifat) |
Le lieu où a été trouvé cette base décorée d'une plinthe correspond probablement à un Castellum. On hésite entre le Castellum Victoriae, dont on connaît l'existence grâce à une inscription romaine datée de 128 après J.-C. (*), ou un autre édifice inconnu à ce jour. Néanmoins, je pense que le site est important. D'ailleurs lors d'une visite à ce coin j'ai pu m'en apercevoir qu'il déborde sur la petite plaine et arrive jusqu'à la limite de la montagne. Labas, j'ai découvert deux grosses pierres bien taillées exhumées lors de travaux de conductions d'eau de la station de traitement de Jijel. |