jijel-archeo |
Jijel, Archéologie d'un espace |
Les ruines de Aïn Tissillil se trouvent à 7km au sud de la commune de Settara, daïra d'El Milia, wilaya de Jijel, sur les terres du beau territoire des Ouled M'barek.
Vue partielle du siteEn passant par Bord Ali (ex: Arago), on arrive au village d'Agouf qui en est le plus proche des ruines. Quelques centaines de mètres plus loin, on quitte la route qui continue en direction du douar d’El Akbia, pour emprunter un petit sentier descendant pour se retrouver enfin avec les premiers vestiges encore debout; des pierres taillées bien alignées indiquant les traces d'habitations, et des murs en bocage. La partie centrale du lieu, trace visiblement une voie séparant l’endroit en deux parties. L’une à gauche descendant jusqu’à la route et mechta Bourouh, l’autre s’arrêtant vers l’oued ou chaâbat Besbes. Mais il m'a paru que l'on peut s'y aventurer encore plus loin...Les indices n'y manquent point.
Le site est entièrement sous les terres, il s'étale sur une superficie d'environ 08 hectares. N’émergent en surface qu’une succession de pierres taillées qui délimitent légèrement certaines parties de la cité avec quelques monuments diversement reconnus tels que une huilerie, des bains et diverses mosaïques éparpillées ça et là et en dégradations permanentes. Il déborde volontiers au delà de la source en contre bas, qui a donné le nom au lieu, et demeure totalement abandonné..., sans gardiennage aucun...
Le site recevrait sinon des «visiteurs » qui ne manqueront pas de le dénaturer. On a su déjà qu'il y a eu un vol de pièces archéologiques dont on ne connaît, ni la nature, ni l'importance. Alors que d'autres objets portant vraisemblablement des inscriptions auraient été acheminés selon certains vers une commune dépendante de Mila.
Aucune fouille n’a été
entreprise sur le site le plus épargné de la
wilaya de Jijel. Ni fouille de sauvetage, ni
récupération des objets traînants
(épitaphes, dé d'autel,
etc.), alors que le musée Kotama de Jijel est affreusement vide.
Dommageable
à plus d'un titre, pour cette cité qui durant la
période antique formait sans doute étape sur la
voie romaine qui allait de Mila (Milev)
à Collo (Chullu), et dont le nom jusqu'à
maintenant nous est caché! D'ou
l'intêret toujours
réitéré pour la sauvegarde et la
collecte des épigraphies. Par exemple, les deux
stèles
décrites ci-dessous indiquent que ces personnages font
partie de
la tribu Quirina, tribu qui est également
présente
dans la confédération de Cirta, d'ou les liens
qui
peuvent en ressortir.
Mais, ne soyons pas dupes, des mains mal intentionnées sont en train
d'effacer l'identité de ce site. Il y a des
personnes qui savent ce qu'ils cherchent, pillent, et d'autres
malheureusement pour les besoins des constructions dilapident ce site
de ses antiquités et le dénaturent...
Heureusement
qu'ils existent encore des personnes dévouées pour
l'antiquité et l'histoire de leur pays qui le visitent
régulièrement et tentent malgré tout
de sensibiliser les habitants et les responsables quand à la
protection des vestiges encore présents.
Le temps est des plus urgent pour s’occuper, de ce que
d’aucuns surnommaient, semble t-il, «La perle noire», et de la
classer
comme patrimoine archéologique et historique national.
S'il est valorisé le site sera d'une grande attraction touristique et culturelle pour la région.
Voici un bel autel découvert à Tissillil, en forme de caisson et taillé dans du grès; cette pierre tumulaire bien conservée est gravée sur une seule face. Au dessus de l’inscription, une moulure supporte un lèger arrondi où un serpent y est sculpté, terminé à ses deux côtés par des ornements spiralés. Comparativement aux autres pierres funéraires trouvées sur le site, ce dernier est relativement bien exécuté, avec une assez belle écriture, ce qui dénoterait peut être, le haut rang ou notorité qu'aurait occupé ou eut, le nommé Marcus Clodius au sein de la cité. Un nom de famille qui s'ajoute a ceux déjà découvert à Tissillil. Si tout est préservé, on pourrait également construire des filiations.
Épitaphe décorée au dessus par une moulure, elle même, surmontée d'un rebord semi-arrondi où est gravé un serpentCe qui est frappant aussi dans cette inscription, c’est l’âge du défunt à sa mort, qui a atteint les cent ans. Effectivement, on connait dans cette partie de la Numidie un nombre important de centenaires. Il faisait sans doute bon y vivre.
Voici la transcription telle que l'on a pu la lire.
D M M CLODIVS C F Q VICT OR V A C O T B Q D(iis) M(anibus) M(arcus) CLODIVS C(aii) F(ilius) Q(uirina) VICT OR V(ixit) A(nnis) C(entum) O(ssua) T(iene) B(ene) Q(uiescant) « Aux Dieux Mânes, Marcus Clodius, Fils de Caius, de la Quirina tribu, surnommé Victor, a vécu cent ans, que tes os reposent en paix » |
Autre monument funéraire découvert à Tissillil, qu'un ami, membre de l'association Maâlem de Jijel, a eu l'obligeance de m'envoyer une photo. Actuellement, cette stèle est entreposée à la mairie de Settara. Et c'est tant mieux.
Épitaphe d'aspect frustre, avec base moulurée. Fronton ovale presque circulaire décoré d'un rebord sur le haut.Comme on peut le remarquer, cette pièce se termine en haut par un fronton ovale. Ces contours ont vraisemblablement subit des brisures, qui ont effacées les moulures. Celles-ci ne subsistent seulement qu'à la base de la stèle. Aucune gravure n'est décelée sur le fronton. Des fissures traversent la pierre en grès, passant entre les lignes, sans en effacer l'inscription.
Le défunt n'a pas beaucoup vécu, il est mort à l'âge de quarante huit ans, sans doute emporté par une maladie.
Une remarque tout de même s'impose, la troisième ligne, où se devrait être la mentionné la filiation du défunt, c'est à dire le prénom du père est difficile à lire. Le "F" de filius n'apparait pas généreusement. Les deux premières lettres, qu'on a cru reconaître comme étant "I" et "P ou S", nous ont également dérouté dans la traduction. On a écarté le "S", car le grand trait est totalement vertical. Le "P" pourrait même être un "F"; là on pourra alors conjecturer et lire "I" "f", comme "Julius Filius", fils de Julius. Le "S" à la fin, dans le nombre d'années est aussi surprenant. À moins qu'il ne fasse parti du texte "H S E" (Hic Situs Est),comme la plupart des autres épitaphes découvertes en ce lieu. Dans ce cas, l'âge du défunt à sa mort, serait de quarante cinq ans seulement. C'est ce que nous avons adopté pour lire cette inscription.
Ci-dessus, la transcription que nous avions tenté.
D M Q IVLIV T . F. Q.MAXI MINVS VA. XXXXVIISE D(iis) M(anibus) Q(uintus) IVLIV(s) T(itius) F(ilius) Q(uirina) MAXI MINVS V(ixit) A(nnis) XXXXV H(ic) S(itus)[E](st) « Aux Dieux Mânes, Quintus Julius, Fils de Titius ?, de la Quirina tribu, surnommé Maximinus, a vécu quarante huit ans et demi, c'est ici qu'il repose » |
Photo de l'inscription | Transcription |
I. La dédicace à Caius Felix |
Épitaphe surmontée d'un croissant C - IVLIVS - FELIX - V-A-LXXX-M H - S - E C(aius) IVLIVS FEL IX V(ixit) A(nnis) LXXX M(enses)... H(ic) S(itus) E(st) C(aius) IVLIVS FEL IX V(ixit) A(nnis) LXXX M(enses)... H(ic) S(itus) E(st) « Caius Julius surnommé Felix, a vécu quatre-vingt ans et ... mois, c'est ici qu'il repose » |
II. La dédicace à Fabia Procula |
Pour cette inscription, j'ai tenté la transcription et l'interprétation suivantes sujettes à rectification bien entendu par des spécialistes de l'épigraphie latine d'Afrique du Nord FABIA-DF PR OCVLA -V-A LXXI-H-S-E- FABIA D(omitio?) F(ilia) PR OCVLA V(ixit) A(nnis) LXXI H(ic) S(ita) E(st) « Fabia fille de Domitius? surnommée Procula, a vécue soixante et onze ans, c'est ici qu'elle repose » |
III. La dédicace à Martialis ? |
Pierre cassée en deux dans le sens de la longueur, arrondie au sommet et comportant une épitaphe avec croissant. 2er 3e siècle Transcription possible D M L.....MART..... .IT - AN.... E D(iis) M(anibus) S(acrum) M(artialis) .......... [x ]it An[nis]......... [H S] E ... « Aux Dieux Mânes Sacrés, Martialis?, a vécu ........ c'est ici qu'il repose » |
IV. Inscription illisible |
Épitaphe avec croissant sur le fronton légèrement apparent. Malheureusement les inscriptions sont indistinctes et seuls des moyens techniques appropriés peuvent les faire ressurgirent. |
Plusieurs monnaies, en général romaines, ont été retrouvées dans le site, par les habitants et les membres d'ssociations qui activent dans la commune de Settara. J'en ai découvert quelques unes, par le biais d'amis, et je les montre ainsi, en compagnie d'explications sommaires, afin de montrer l'importance de ces trésors pour la science et le patrimoine. Leurs apparences dégagent une bonne esthétique, surtout l'antonin. Par la même, je sollicite les citoyens de Settara et de Bordj Ali (Agouf), pour nous faire parvenir leurs découvertes éventuelles en nous envoyant de bonnes photos et nettes, ou bien nous contacter par le mail ci-dessous. Cette page sera de plus en plus enrichie, pour le bonheur de tous.
Photo de la pièce | Transcription |
I. Un bronze romain |
Avers montrant l'effigie d'un empereur dont on a pas pu lire le nom .................. |
Revers Ecriture non déchiffrée Exergue VOT X « VOT (Vota) X, Voeu de l'empereur souhaité pour la population sur une période de X » |
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I. Un bronze d'Antonin le Pieux |
Effigie de l'empereur romain: ANTONIVS AVG PIVS PP |
Revers TR POT COS II SC PAX Exergue « Paix debout à gauche tenant une branche et une corne d'abondance. » |
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Ces images ont été prises séparemment par l'association Maâlem de Jijel et jijel-archeo à la différence que pour la première ce fut au début de printemps 2009 et pour la seconde en été 2005. Elles représentent le site en lui même, des détails sur les murs et quelques pierres de construction et de pavement. On a également jugé utile de montrer certains endroits où la terre semble être remuée, signe de déplacement des vestiges, utilisés surtout par les habitants pour la construction de leurs maisons...
Photos du site | |