jijel-archeo |
Jijel, Archéologie d'un espace |
Coincée entre l'anse des Béni Caïd et la plage de Boussadoune, la nécropole phénicienne de la Pointe Noire, connue des jijeliens par Rabta, est située sur une éminence en tuf battue par la mer et les vents. C'est l'une des plus importantes nécropoles phénicennes de la ville de Jijel et même d'Algérie.
C'est le lieutenant Dufour, alors commandant du «cercle de Djidjelli» et chef du bureau arabe, qui vers 1885 fit des explorations à la Pointe Noire où il dénombra de «nombreux caveaux simplement recouverts de sable ou de terre».
C. Duprat qui fit un séjour à Jijel en 1888 y a fait allusion lors de son étude sur les sépultures antiques de Djidjelli. Il dit « existe à la Pointe-Noire, 2 kilomètres et demi à l'Ouest de Djidjeli, également sur le bord de la mer, un grand nombre d'habitations semblables», à celles qu'il a décrites au nord de la ville.
Mais les fouilles méthodiques et scientifiques ont été entrepises par Jeanette et Prosper Alquier..........
Le cimetière punique comporte selon P. Alquier; «plusieurs centaines de tombes des différents genres: simples fosses et caveaux avec ou sans escaliers».
État actuel des tombes de la Pointe Noire.Les tombes situées à l'extrême nord de la nécropole s'effacent de plus en plus et disparaissent. Celles qui sont proches de la mer subissent les assauts répétés et fougueux des vagues, si dangeureuses en ce rivage. Seules celles qui se trouvent au sud de la nécropole en direction de la petite plage qu'on dénomme Bou Saâdoune restent assez bien conservées. Elles ont gardés leurs chambres mortuaires et leurs entrées avec les escaliers.
Les caveaux trouvés durant les années 80, n'ont pas pu être sauvés, ni être étudiés convenablement. Plusieurs objets appartenant au mobilier funéraire de ces nouvelles tombes, ont été dilapidés ou jetés parmi les gravats. La valeur scientifique de ces caveaux a été totalement perdue. Ses importances culturelles et touristiques aussi. Voici ce que présageait pour Jijel, le conservateur du musée de Constantine P. Alquier en 1929: «Il n'existe pas en Algérie de nécropole phénicienne où les caveaux soient aussi nombreux et aussi bien conservés. Leur nettoyage méthodique et l'aménagement d'une voie d'accès feraient de la Pointe Noire une curiosité touristique de tout premier ordre».
Partie Nord | Description |
Plusieurs tombes de type punique, à puits rectangulaires, taillés dans le roc, se trouvent de plus en plus effacés, à mesure que l'on se dirige vers la partie nord de la nécropole. Les simples fosses ont presque complètement disparues, quelques traces à la surface du sol subsistent, tandis que les caveaux ont vu leurs plafonds disparaître devenus poussières par l'action des élèments. |
|
Partie Sud | Description |
La partie sud est mieux preservée, épargnée de la rigueur de mer et du vent qui ne trouve aucun obstacle. Certains caveaux ont gardés leurs chambres mortuaires avec leurs entrées, couloirs, et des escaliers encore intacts. Des encastrements qui servaient à fixer les couvercles sont aussi visibles, bien que ceux ci ont tous disparus. Certains présentaient des niches, pour placer une lampe, un ex voto ou un quelconque objet. Beaucoup de ces sépultures ne contennaient pas de mobilier funéraire lors de leur découverte. Elles auraient été violées durant l'époque romaine ou bien après. |
|
Mobilier céramique recueilli dans les quatre premiers caveaux découverts Deux grandes amphores (intactes), deux plus petites, huit patères, plats et plateaux, deux coupes ( terre fine). Dans les autres tombes: amphores, vases, patères, lampes, vase (forme dite à parfums), bois.
Vases de fabrication grossière (probablement locale, analogie avec poterie des monuments mégalithiques du nord de l'Afrique); poterie fine faite au tour, formes courantes (certaines rappellent celle de Gouraya et Collo). Tous les vases ont servi aux vivants avant d'être déposés dans les tombeaux (certains récipients très usés); récipients à vernis noir, écaillés; plats brisés et réparés avec des liens de plomb ou d'étain (certains rompus). Lampes en forme de "aptère" aplatie avec bec horizontal (terre grossière, mal cuite); et support en terre cuite; une lampe fine. Absence de lampes de formes puniques ( tombeaux probablement pillés). Le mobilier daterait du début du IIIe, milieu du IIe siècle avant J.-C.
Tous ces photos et commentaires ont été repris du livre: L'Algérie au temps des royaumes numides. Geneviève Sennequier & Cécile Colonna
Astruc, 1937 ; Cintas, 1950 ; Morel, 1981 ; Chelbi, 1982 ; Kitouni-Daho,.
Onochoé à pâte beige portant trace de vernis brun.
IIIe siècle avant J.-C.
Lécythe à pâte rose homogène couvert d'un vernis noir luisant. L'objet à bord plat possède une anse verticale portant un anneau. Classé comme verseuse ; il est de type précampanien.
IVe siècle avant J.-C.
La pâte rose homogène et farineuse de ce lécythe couverte d'un vernis noir écaillé. Muni d'une anse verticale , il s'agit d'une céramique de type attique.
IVe siècle avant J.-C.
Plat peu profond à pâte rose beige avec traces de calcaires sur les parois. Sur le fond décor estampé de quatre feuilles. Type campanien A.
IIIe siècle avant J.-C. (seconde moitié)
La pâte rose homogène et farineuse est recouverte d'un vernis noir écaillé. Graffiti de trois lettres puniques sur le bord externe.
Ie siècle avant J.-C.