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Jijel, Archéologie d'un espace |
C'est en octobre 1928, que furent découvertes les premières tombes qui composeront plus tard l'ensemble dénommé «nécropole de Mundet Africa», du nom de l'ancienne usine de liège dévastée par un incendie. Situées sur le domaine Mustapha, les cinq tombes phéniciennes sont creusées sur une butte rocheuse de quelques mètres au dessus du marécage, au lieu dit «Rocher des Voleurs». Ces caveaux sont non loin de la route de Béjaïa, et au sud de l'ensemble des tombes phéniciennes de la «Pointe Noire», actuellement «Rabta», à l'ouest de Jijel. L'endroit est appelé aujourd'hui « Village Mustapha».
Jeanette et Prosper Alquier sont les premiers à fouiller le site d'une manière scientifique, travaux qu'ils ont consignés dans une bibliographie de ce site (1). Ils en découvrent sept autres donnant ainsi le chiffre de douze tombes au total.
Quelques années plus tard, en 1935, Myriam Astruc entama de nouvelles fouilles et fit la découverte de cinq autres tombes qu'elle numérota à la suite des anciennes, de XIII à XVII.
N'ayant plus trouvé de nouvelles tombes autour du caveau XVII, les recherches se sont déplacés vers le Nord-Est, à la limite du chemin qui mène à la Pointe Noire (Rabta). C'est l'endroit où est actuellement construite la salle de cinéma Soummam et autre direction des sapeurs pompiers. Au moment des fouilles d'Astruc, ce terrain n'était pas bâti. La roche qui n'affleurait qu'à certains endroits était recouverte d'une couche de terre qui s'épaississait en direction du Nord-Est. C'est dans cette endroit, à la limite de la propriété Africa, que Myriam Astruc fit la découverte, sur un espace d'une vingtaine de mètres carrés, «d'un second groupe de douze sépultures d'un type tout différent, aussi bien par la forme des tombes que par leur mobilier». Ces nouvelles tombes et bien qu'ellessoient beaucoup différentes de celles du groupe initiale, «ont été numérotées à la suite des unes des autres, afin de ne pas prêter à confusion». Elles prirent donc les chiffres de XVIII à XXIX.
Ces nouvelles tombes taillées dans le rocher, presque à fleurs de terre, toutes orientées S.O-N.E., étaient donc parallèles à la route Jijel-Béjaïa. Ces fosses avaient une forme rectangulaire, «sauf une qui affecte la forme anthropoïde». Aucune dalle de recouvrement ne fut retrouvée, «si ce n'est un morceau dans la tombe XXV». «On ne voit pas de trace de feuillures; on ne relève pas de trace d'incinérations». Une autre différence par rapport au premier groupe, la majorité des fosses ont été violées, peut être dès l'antiquité, et sans doute par les contemporains de la première nécropole.
Selon Myriam Astruc, l'ancienneté du groupe de tombes de la Mundet Africa par rapport aux nécropoles bien étudiées de Collo et de Gouraya est manifeste. Bien qu'il soit assez difficile de dater d'une façon précise ce petit groupe de tombes. Elle place cet ensemble, «tant par la forme de ses tombes que par ce qui lui reste de mobilier, entre le VIe et le début du IVe siècle». Cette limite de dates est fortement grande pour en déduire une forme d'appréciation. D'autant qu'elle estime que «l'on est privé de points de comparaison sur cette même côte».
Karim Hadji pour jijel-archeo