jijel-archeo |
![]() |
Jijel, Archéologie d'un espace |
C'est par un hasard qui ne survient que rarement, lors d'une quête de découverte, que récemment j'ai pu trouvé une inscription romaine gravée sur une plaque de marbre, elle même encastrée dans un mur d'un édifice public de la ville de Jijel, que je ne désignerai pas, afin d'éviter son vol ou sa dégradation. Bien qu'elle soit située dans un lieu que l'on pourra qualifier de sûr. Et c'est tant mieux ainsi. Par quelle heureuse circonstance ce document épigraphique s'est-il resté malgré le temps passé et dans quelle circonstance il est arrivé dans ce bâtiment. Nul ne le sait.
Pour photographier en tout cas l'inscription, j'ai du y aller par deux fois, aidé en la seconde par une aimable personne qui m'a ouverte enfin les portes. À la fin j'ai pu prendre quelques clichés non sans avoir tenté une première lecture, là où il y avait facilement reconnaissable et lisible les attributs de l'empereur Septime Sévère [IMP CAES L SEPTIMO SEVERO].
Les dimensions de la plaque sont d'environ 70 cm de
longueur sur 30 cm de
largeur. Des investigations plus élaborées faites
sur micro m'ont permises de reconnaitre d'autres termes comme [BALNAE
et CHOBAE]. Cela a tout de suite attiré mon attention.
Choabe, c'est l'antique Ziama Mansouriah, et je savais par mes lectures
qu'il existait une inscription recueillie par Pelletier, inspecteur des
bâtiments à Bougie et publié dans la
revue africaine. Jean Pierre Laporte dans son essai historique sur
Ziama et concernant surtout les inscriptions de Choba en a fait une
interprétation, dont je ne possède pas les
éléments, et s'est interrogé
sur le
destin de « cette
inscription dont nous
n’avons ni dessin, ni photographie »,
disait-il. C'est maintenant chose faite, on est en présence
de l'original de l'inscription.
Historiquement, selon Pelletier, « L'inscription formait un des chambranles de la porte du gourbi du caïd ». Il avait préconisé dès lors « qu’on la transportât à Bougie ou à Constantine ».
Il a réalisé à cette époque un estampage qui ressemblait à ceci:
Par rapport à notre image j'ai remarqué que l'estampage reprenait exactement l'inscription de notre plaque. Berbrugger en avait fait le développement et la traduction suivants du document épigraphique:
Charles Féraud, parle quand à lui, dans son histoire des villes de la province de Constantine, d'une « inscription apportée de Ziama, et ...déposée chez le commandant supérieur de Gigelli ». Il en donne, sans toutefois recopier l'inscription, la traduction ci-dessous:
Une première remarque peut être déjà faite concernant les duumvirs. Le fils de Marcus est nommé Fabius par Berbrugger et L. Abdius par Féraud. Le second duumvir est désigné par Marcus dans les deux cas. Féraud donne comme nomen gentile, le nom Aemilius au praenomen Marcus, alors que Berbrugger s'en serve comme prénom du père. Les agnomens (surnoms), Victor et Honoratus, ainsi que leurs origines (Quirina et Arniensis) sont rapportés identiquement dans les deux analyses.
À première vue, la photographie est beaucoup plus proche de l'estampage de Pelletier et personnellement je penche pour la traduction de Berbrugger parue dans la revue africaine. Néanmoins un doute persiste concernant le praenomen Fabio. Dans la photographie, entre le B, si c'en est un, et le O, il existe un grand espace pour qu'il soit destiné pour écrire un I. Pour le moment, je n'ai pas pu déchiffrer ce mot.
L'inscription est facilement datée de 196 après J.-C. (soit 157+39).
Ceux intéressés par l'archéologie de cette inscription et qui désirent avoir une image en haute résolution n'ont qu' à me contacter ou m'envoyer un email.