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Jijel, Les grandes Histoires |
A l'origine, Igilgili_ le nom antique de Jijel_ fût un établissement carthaginois et devait être une emporia, c'est à dire , un comptoir commercial. De cette époque, il ne reste essentiellement que la grande nécropole de la pointe noire, avec les tombeaux creusées dans le rocher et qui sont de style phénicien. Les objets funéraires trouvés dans les tombes: poteries, ornements ..., sont datés de la fin du IVe siècle av. J-c.
Durant les guerres puniques entre Rome et Carthage, Igilgili, faisait partie de la Numidie occidentale, délimitée à l'est par le fleuve Ampsaga ; Nom dérivé du punique qui veut dire grand fleuve et qu'on retrouve actuellement dans la dénomination arabe, Oued El Kebir. Le pays était peuplé à cette époque par les Masséssyliens, grande tribu berbère dirigée par l'Aguellid Syphax.
Après la bataille de Zama (202 av. J-c.), qui mit fin à la deuxième guerre punique et au règne de Carthage, Syphax perdit son royaume qui fit alors basculer Igilgili sous le règne de Massinissa qui étendit son pouvoir sur tout le nord de l'Algérie.
Les troubles suscités par Jugurtha, pressèrent les Romains à s'emparer de toute la Numidie, qu'ils annexèrent à l'ancienne Maurétanie formant une grande contrée, qui prît le nom de Maurétanie césarienne. Changeant ainsi de destinée, Igilgili passa sous l'autorité de Juba II, qui fût investi du royaume de Maurétanie, érigée en province autonome après la bataille d'Actium (31 av. J-c.).
Élevée au rang d'Igilgili colonia en l'an 33, sous Octave après la mort de Bocchus, la ville possédait un port important et six voies romaines y partaient.
Deux évènements importants ont marqués à cette époque la région, l'un en l'an 22 ap.j-c., lors du soulèvement des Maures sous la conduite de Tacfarinas. Celui-ci y encercla une cohorte romaine, sous la conduite du commandant Decrius, près du fleuve Pagida (Oued Nil). Decrius fut tué durant ce combat. Deux années après, au cours de l'année 24 ap. j-c., Tacfarinas périt dans une bataille rude contre les soldats romains puissamment armés et rassemblé par le proconsul Dollabella.
L'autre événement, se produisit sous le règne de Valentinien, en 371, quand éclata la révolte de Firmus. Celui-ci bat à plusieurs reprises le comte Romanus, alors gouverneur de l'Afrique et s'empara de Césarée (Chechell). Sentant le danger, l'empereur Valentinien , fit appel au meilleur général romain de l'époque, Théodose, qui venait de conquérir les îles britanniques. Théodose embarqua du port d'Arles, dans les bouches du Rhône, avec une armée de vétérans et parvint à Igilgili ou il mit à terre. La jonction des légions cantonnées dans la colonie avec les vétérans, se fit près d'Igilgili, à la station de Pancharina, ou il passa en revue ses troupes.
A remarquer aussi, qu'en raison des hostilités qui ont éprouvées les romains, il y eut sous le règne d'Hadrien, (188 et 122), la délimitation des tribus et leur cantonnement. La région d'Igilgili était cantonnée dans le territoire que les romains appelaient des Zimizes.
Le déclin progressif de l'empire romain, libéra les populations berbères, qui eurent à subir , à la fin du Ve siècle, l'invasion vandale. Aucun vestige ne nous est parvenu à ce jour de cette période. Seul un fait se rapporte à cette époque, celui de l'évêque d'Igilgili, qui assista au concile de Carthage en 484, réuni par le roi Huneric, successeur de Genséric décédé en 477. Les byzantins conservèrent le rempart romain et le remanièrent.
L'établissement des Arabes à Jijel date du VIIIe siècle, juste après les conquêtes de Moussa Ibn Noceïr en Afrique. Ibn Khaldoun cite le cas d'une armée musulmane qui s'enfuit de Kairouan, pour se retirer à Jijel en 154 de l'hégire, 772 de notre ère. Le rempart romano-byzantin fut conservé, pour maintenir l'autorité des Wullats et on arabisa le nom romain de la ville qui devint Jijel; comme celui en usage aujourd'hui. Devenue cité arabe, Jijel demeura une place maritime et commerciale d'une certaine importance. Érigée sur la cité romano-byzantine, la ville possédait deux ports, l'un au sud d'accès difficile et l'autre beaucoup plus petit, au nord, appelé "Marsa Chara ", selon le chroniqueur Ibn el Khatir.
Les tribus des Kutama des environs, furent parmi les adeptes de la doctrine chiite, prônée par des missionnaires qui travaillaient à gagner la confiance des prosélytes à la cause d'Obeïd-Allah, prédicateur d'Orient, qui aspirait à l'Émirat. Après que toutes les fractions de la grande tribu eurent adopter la doctrine fatimide, ils expulsèrent de l'Afrique du nord l'émir Aghlabide et reconnurent pour Khalife, un émir fatimide, en la personne Obeïd-Allah. Il lancera ses troupes vers l'Égypte au nom du schiisme fatimide et fondera le Caire et la mosquée université d'El-Azhar d'où sortiront les plus grands savants du monde arabo-musulman.(953-975).
Jijel fut un comptoir important des Normands au 12e siècle, des Pisans et des Génois.
En 1144, la flotte de Roger II, après avoir ravagé l'est de l'Afrique, vint devant Jijel et s'empara de la ville pour la détruire ensuite complètement . Les Normands de Sicile pillèrent le château de Yahia Ibn El-Aziz et y mirent le feu. Après s'être retourné en Sicile, ils revinrent encore une fois au printemps 1145, occupèrent la ville et ils durent la quitter qu'à l'avènement de l'Emir Almohade Abdelmoumen, qui détruisit la puissance Hammadite et fit prisonnier Yahia Ibn El-Aziz (1152-1160).
Sous son règne on octroya quelques avantages aux Pisans, rivaux des génois, qui installèrent des comptoirs commerciaux et tirèrent de la région les cuirs écrus qui servaient dans leurs tanneries.
Au début du 13e siècle, les difficultés encourues par les pisans, poussèrent les génois à les supplanter à Jijel. Les génois construisirent une tour près de la porte principale de la citadelle (1283-1309). Leur occupation devait durer jusqu'au début du 16e siècle, mais leur domination n'était pas effective. Car en 1513, ils envoyèrent une autre flotte sur Jijel, sous les ordres d'André Doria, qui fit détruire une grande partie de la ville.
Elle débuta en 1514 avec l'arrivée de Baba Aroudj qui une fois guéri de sa blessure lors de la bataille malheureuse de Bejaia deux ans plutôt ou il perdit un bras, vint mouiller près des îles Afia à l'ouest de Jijel. A cette époque les habitants de cette ville s'empressèrent de le dissuader afin de les aider à déloger les génois qui avaient pris pied un an plutôt. Il accepta la mission et aidé par le roi de Koukou du Djurdjura Ahmed Ben El Kadi, délivra Jijel de l'occupation génoise et reçu en hommage, par les habitants, le titre de "sultan de Jijel". C'est à cette période donc que débuta la domination turque sur l'Algérie puisqu'il continua sa mission et alla délivrer Alger de l'emprise espagnole en 1516. En prenant le penon d'Alger occupé par les espagnols, il contrôla vite la ville et mit à mort le gouverneur de la ville Salem El Toumi.
Aroudj mourut en 1518 près de Tlemcen. Kheireddine son frère, plus souple que lui, prit la relève et aida considérablement les populations de Jijel et conduisit vers celle-ci un grand nombre de Maures d'Espagne chassés par les persécutions des rois d'Espagne. Il mourut à Constantinople en 1547.
Au cours du beylicat de Constantine, un pavillon de 25 hommes, des janissaires, commandé par un raïs était établi à Jijel.
Au cours du XVIIe siècle, l'histoire de Jijel fut marquée par une expédition française contre la ville, du temps de Louis XIV, et commandé par le duc de Beaufort. Après environ six mois de présence sur le sol jijelien, le 1er novembre 1664, le corps expéditionnaire français dut quitter la ville, voyant qu'il était impossible d y rester. Le nombre d'attaques augmentant sans cesse faisant de plus en plus de victimes parmi les régiments.
En 1740, les turcs commencèrent à exploiter les forets de Beni Foughal, pour en tirer le bois nécessaire à la fabrication de leurs vaisseaux.
Au début du XIXe siècle, un évènement majeur distingua la région de Jijel avec la révolte de Mohamed Ben El Harche contre le beylicat de Constantine au cours de laquelle il y eut de nombreuses victimes et une répression continue du bey Osman, qui se déplaça en personne, jusqu'aux environ d'El Milia pour essayer de mater la rébellion. Le Bey Osman dit le Borgne succomba lors d'un accident en chutant de son cheval dans un gouffre. Il fut enterré près du lieu du drame.
Le début de l'occupation française débuta le matin du 13 mai 1839, avec l'arrivée la veille, à partir de Skikda, du corps expéditionnaire commandé par de Salles, à bord de deux bâtiments à vapeur, le Styx et le Cerbère. Ils durent relever les positions des forts Saint Ferdinand et Dusquesnes, pour se protéger des attaques incessantes des autochtones, puis complétèrent le système de défense le 15 mai par le fort Saint Eugénie et la redoute Galbois sur les hauteurs du djebel Ayouf. Les assauts des Jijelliens ne cessèrent pas pour autant et se poursuivirent tout au long du printemps 1839 avant de se retirer au début du mois de juin vers les hauteurs immédiates de la ville.
Pendant que les Français débutent l'organisation civile et militaire de la ville, un évènement souleva la région en 1871 lors de la révolte d'El Mokrani quand un de ses émissaires souleva environ 8000 hommes à l'assaut des occupants dans tout le pays djidjellien.
Synthèse Karim Hadji