jijel-archeo |
![]() |
Jijel, Les grandes Histoires |

Ces
mots de Ferhat Abbas prononcés
quelques jours seulement avant
le déclenchement du
1er novembre 1954 sont toujours
d’actualité. A lui seul Ferhat Abbas
Mekki incarne la probité et la
sincérité dans l’exercice de la
politique. Il a
toujours défendu les pauvres, soutenus les paysans et
respecter ses
adversaires. Il aimait ces concitoyens et son pays. La trame de son
combat est une ossature de constitution.
Ses idées
visionnaires et intelligentes demeurent tout autant avant-gardistes
et auraient pu être bénéfique
pour une rédaction attentive d’une constitution
moderne et démocratique. Une belle projection toujours
tenante
et valable même aujourd'hui. Sa lettre de
démission Lettre de démission de
Ferhat Abbas de l'assemblée nationale.
12 août
1963,
«Le sang des Chouhada trahi»
du parlement en
1963 en est la preuve
éloquente. Elle
résume l’esprit de combat de toutes les couches de
la société algérienne, ses avatars,
ses contradictions et ses espérances politiques
post-indépendance. Dommage pour
l’Algérie et respect pour celui qui
a
été de tous les combats de
l’Algérie contemporaine.
Ferhat Abbas est natif de la wilaya
de
Jijel, plus
précisément de Chahna, un village au sud de Taher,
le 24
août de l'an 1899. Il est le fils de Said ben Ahmed, ouvrier agricole
puis marchand de bestiaux, et de Achoura Maaza bent Ali. Sa famille
paternelle est
originaire de Oued Seguene qu'elle a du quitter après la
révolte des Mokrani en 1871, chassée par
l'administration française. Son grand père fut
ainsi dépossédé et reconduit
à la condition d'ouvrier-fellah. Sa mère est
originaire des Béni Amrane Seflia, Tassoust actuellement. La
condition de son père changea radicalement et fut
nommé par l'administration française,
Caïd du village coloniale de Strasbourg (Emir Abdelkader
aujourd'hui) puis Bachafgha du douar de Chahna
jusqu'à sa retraite en 1928.

En 1948, il est élu
député de
Sétif à l'assemblée nationale. Son
combat fut inlassable et durant les débats à
l'assemblée il plaide farouchement du problème de
l'émancipation de la république
algérienne. S'en suit une bagarre entre
les élus
indigènes et français après la
montée au verbe de Ferhat Abbas, quand il déclare
devant l'assistance: «
Il y a cent seize ans, Messieurs, que nous attendons cette heure...Nous
autres primitifs, avons eu la patience de vous
écouter:
n'auriez vous pas la générosité de nous
entendre...une dizaine de minutes...?» (2).
Ferhat Abbas
est dubitatif face au
déclenchement de l'insurrection du 1er novembre 1954 par le FLN (Front de
Libération Nationale). Lors d'une rencontre
avec Jacques Soustelle, il lui déclare: « Nous
sommes tous
des Fellaghas. Ceux qui sont courageux ont pris les armes, ceux qui le
sont
moins sont en face de vous ». Il
adhère
au FLN en 1955
après des entretiens avec Abane
Ramdane qu'il estimait beaucoup. Ses
pérégrinations le conduiront à
Montreux,
Tunis puis Rabat. Il devient
membre du
C.C.E. (Comité de Coordination et d'exécution) en
1957.
Il sera
désigné
le 19 septembre
1958, en pleine guerre d'Algérie, premier
président du G.P.R.A. (Gouvernement Provisoire de la
République Algérienne). Il fut
remplacé à la tête de la
présidence par Benyoucef Benkhedda sur décision
du C.N.R.A. ( Comité
Nationale de la
Révolution
Algérienne)
réuni à
Tripoli
au mois d'août 1961. La présidence de Ferhat Abbas pris fin
le 17 septembre 1961. En 1962, il est élu
député de Sétif à
l'assemblée nationale algérienne puis
président de l'assemblée constituante en
septembre.
Le 12
août
1963, il démissionne de l'assemblée. Lui, le
démocrate ne pouvait admettre pour
le peuple algérien qu'il avait défendu et
qu’il respectait, l'absence de
liberté et de responsabilité chez les nouveaux
dirigeants. Dénonçant d'emblée
les dérives autoritaires du régime en place qui
menait le pays vers une « soviétisation »
forcée, avec des concentrations de pouvoir
désopilantes chez le président Ben
Bella, à qui il reproche « son
aventurisme et son gauchisme
effréné »,
qui pourrait entraîner à terme le pays vers la
régression et l’impasse. Il est tout
de go exclu du FLN par Ben Bella et emprisonné à
Adrar jusqu'en mai 1965, date
de sa libération à la veille du putsch de
Boumediène du 19 juin.
Dix
ans après s’être
retiré de la vie politique, il revient en mars 1976,
fidèle à ses convictions sur les questions de
démocratie et des libertés et
rédige avec Ben Youcef
Ben Khedda, Hocine Lahouel, ex-secrétaire
général du PPA-MTLD, et Mohamed
Kheireddine, ex-membre du CNRA, un «
Appel
au peuple
algérien »,
réclamant
des mesures urgentes de démocratisation et
dénonçant «
le pouvoir
personnel
»
de Boumediène et
la Charte Nationale qui conduirait à l'absolutisme
des pouvoirs. Il est alors une nouvelle fois
assigné à résidence jusqu’au
13 juin 1978. <
Le 1er novembre 1984, il est
décoré au nom du président
Chadli de
la médaille du résistant dans sa villa
à Hydra...
Ferhat Abbas décède le 24
décembre 1985
à Alger. Il sera enterré dans le carré
des
Martyrs du cimetière d'El Alia à Alger.
K. H.