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Le 25 et 26 novembre 2008, s'est donc tenu à l'université de Jijel le 1er séminaire national sur les milieux naturels, biodiversité, et écodéveloppement, avec la participation de plusieurs chercheurs dépendant de l'université algérienne et de certaines écoles, pour qui la préservation de la nature ainsi que la connaissance des processus écologiques des milieux naturels sains ou atteint de pollution ou de dégradation, est leurs principal souci.
Nous n'avons pas pu assister aux nombreuses allocutions et exposés oraux, faute de temps, pour cela, nous tenterons de faire un résumé succinct des interventions qui concernent l'environnement jijelien, ainsi que d'autres extrapolations pour les similitudes biogéographiques de certains territoires contigus de notre wilaya.
Au début, nous entamons ce sommaire article, par l'étude comparative de l'adaptation des plantes sur les dunes mobiles et embryonnaires du littoral de Sidi Abdelaziz et de la réserve de Béni-Bélaïd, faite par Sadek Chahredine, du département d'écologie de l'université de Jijel. Bien que ces deux localités soient pourtant assez proche et séparé que par l'embouchure de l'oued El Kébir, il a remarqué que, « Sidi Abdelaziz présente une grande diversité par rapport à Béni-Bélaïd que ce soit sur les dunes mobiles ou embryonnaire, surtout pour les familles des Poacées, Papilionacées et Composées. Il y a certaines espèces de Sidi Abdelaziz qui ne sont pas présentes sur le site de Béni-Bélaïd ». Exemple de, Ononis variegata, Médicago marina et Euphorbia pithyusa. Des explications furent données pour expliquer cette division, comme la plus forte salinité des dunes mobiles de Sidi Abdelaziz et leur Ph basique plus grand en comparaison avec les dunes maritimes de Béni-Bélaïd, « bien que ces différences ne soient pas significatives », selon l'auteur.
Sans abondonner ces lieux, Bouldjedri de l'université de Jijel, a proposé « une recherche des éléments traces métalliques dans le sol du lac d'eau douce de la zone humide à Béni-Bélaid (site Ramsar), dans le cadre d’une évaluation de sa contamination par certains ETM en l’occurrence Cr3+, Cd, Pb, Zn, et Cu ». La caractérisation podologique du sol a relevé une texture sablonneuse du terrain de la réserve naturelle avec un pH faiblement alcalin et un taux de salinité léger. La capacité d'échange cationique, ainsi que la conductivité électrique sont faibles, ce qui selon la norme Afnor corrobore la texture sablonneuse du sol. Après des prélèvements de sol effectué sur plusieurs stations, et analyse par spectrophotométrie d’absorption atomique, il a été observé les traces d' eacute;léments métalliques
Remarquons que certains ETM à faible teneur sont essentiels à la vie comme Zn, Cu et le Cr (oligo-éléments) d’autres sont toxiques même à l’état de trace comme le Cd, Hg, Pb. Les fortes teneurs sont tout aussi toxiques à cause de leur non biodégradabilité. À la suite de ces résultats et considérant les concentrations des E.T.M. admises par la norme Afnor, on peut globalement dire que le sol de la réserve de Béni-Bélaïd ne présente pas de contamination décelable et indique une bonne qualité podologique.
Une autre intervention de Bounar R. de l'université de Sétif a trait à l'individualisation des groupements végétaux selon différentes exigences écologiques dans le massif des Babors, où il a eu à distinguer « sept groupements végétaux distincts appartenant à la classe des Quercus pubescentis et Quercus ilicis », grâce aux analyses numériques (A.F.C. et C.H.A.). Une étude de ce type, permettrai donc, selon son auteur, une caractérisation des espaces écologiques et « mettrai en évidence des séquences bioclimatiques homogènes corrélées avec les groupements végétaux et l'ensemble des groupes de variable écologiques correspondants ». Rappelons que le massif des Babors, dont le plus haut sommet culmine à 2004 m, avec sa surface estimée à 2.278 ha, offre une végétation très diversifiée et une flore très riche de 393 espèces englobant 231 genres et 62 familles.
Sans quitter les massifs et les formations végétales, on a eu droit à l'allocution de Hamimeche Mohamed, de l'institut d'agronomie d'Alger, qui s'est étalé sur les répercussions des incendies sur l'avifaune nicheuse du parc national de Gouraya. Les deux approches méthodologiques (synchronique et diachro-synchronique) utilisées par les auteurs ont aboutit à des résultats ou il a été constaté qu'après un incendie d'un matorral méditerranéen dans la parc de Gouraya, « tout au long de la succession, les espèces de buissons sont les plus abondantes particulièrement la Fauvette mélanocéphale et le Rossignol philomèle », bien que « le peuplement avien semble se reconstituer dans sa globalité quelques années après l’incendie».
D'où, une des solutions préconisée dans la préservation des écosystèmes forestiers, par Adjoud-Sadadou Djamila, de l'université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, quand à l'utilisation des mycorhizes pour aider à la régénération des différentes essences forestières détruites. L'étude, s'est penchée sur la mycorhization du chêne liège dans le massif forestier de Yakouren, car selon la chercheur,« la mycorhization améliore la production végétale ainsi que la protection contre les stress biotiques et abiotiques ».
J'ai été enthousiasmé par l'étude de Samira Hanafi-Benhamiche de l'université de Béjaïa, sur la flore insulaire de quelques îlots de la région de Bejaia. Trahissant ainsi mon penchant pour les îlots méditerranéens, ceux de Jijel en particulier (Grande et petite îles Cavallo). Ses investigations tentent à dresser un inventaire des plantes vasculaires de 3 milieux insulaires de la côte ouest de Béjaïa (l'îlot du Sahel, l'île des Pisans et l'îlot d'El-Euch).
« Les premiers résultats obtenus montrent que
l'îlot d'El Euch est le milieu le plus riche en espèces
végétales (49 espèces). Son couvert
végétal est très similaire à celui de
l'île des Pisans. Les taxons phanérophytes et
hémicryptophytes caractérisent l'îlot du Sahel (29
% et 27 %). Les hémicryptophytes sont dominants à
l'Île des Pisans. A l'îlot d'El Euch, on remarque une
co-dominance des thérophytes et des hémicryptophytes.
Concernant le type biogéographique, une végétation
à affinité méditerranéenne stricte
caractérise les 3 sites d'étude. Par ailleurs, sur
l'ensemble des milieux insulaires étudiés règne
une végétation à affinité zoochore et une
flore à affinité rudérale ».
Une absence d'arbres est tout aussi remarquée.
Ce type de conclusions a renforcé un tant soit peu nos connaissances sur la biogéographie des îlots, et donneraient à coup sur, d'autres goûts à nos pérégrinations dans ces îlots qui sont si magnifiques malgré leur petite superficie. D'ailleurs, il aurait été souhaitable pour nous que cette étude se soit étalée à nos îlots. Et démontrer une relation entre la superficie d'un îlot et le nombre d'espèces qui y vivent, quand on sait que dans les îles tropicales le nombre d'espèces et multiplié par deux lorsque la superficie de celle-ci est multipliée par dix. Ce qui n'est pas le cas des îlots de Béjaïa (Îlot d'El-Euch - île des Pisans), décalage du sans doute à plusieurs facteurs; proximité du rivage, élévation des îlots, ouverture à la mer, orientation par rapport aux vents dominants, occupations humaines anciennes, élévation du niveau de la mer, etc...
Toujours entre Jijel et Béjaïa, Riadh Moulai nous
fournit quelques données sur l'avifaune côtière de
Jijel. Ces observations très utiles faites sur la corniche
jijellienne ont pris pour point de repère à l'est, le
port de Boudis sis à Jijel, et à l'ouest, l'embouchure de
l'oued Agrioun, soit un tracé de 60 km environ.
Sur ce linaire côtier, ces chercheurs ont distingué trois
catégories d’oiseaux, qu'on va énumérer ici.
« La première est représentée par les oiseaux marins, avec 13 espèces. Il s’agit du Plongeon catmarin, du Fou de bassan, du Puffin cendré, du Puffin yelkouan, du Cormoran huppé, du Grand Cormoran, du Labbe parasite, du Goéland leucophée, du Goéland d’Audouin, du Goéland brun, de la Mouette rieuse, de la Sterne voyageuse et de la Sterne caugek. Parmi le peuplement d’oiseaux marins, seul le Goéland leucophée est nicheur dans la région. La nidification du Puffin cendré reste à confirmer au niveau des falaises de la Pointe Thamakrent et de Melbou.
La deuxième catégorie est représentée à la fois par les limicoles et les échassiers à savoir le Grand gravelot, le Petit gravelot, le Gravelot à collier interrompu, le Tournepierre à collier, le Bécasseau variable, le Chevalier guignette, le Courlis cendré, le Courlis corlieu, la Grande aigrette, l’Aigrette garzette, le Héron cendrée, le Héron garde-boeuf et la Cigogne blanche.
Enfin, la troisième catégorie renferme un
peuplement d’espèces rupicoles. Il s’agit du Faucon
pèlerin, du Faucon crécerelle, du Martinet pâle, de
l’hirondelle de rochers, de l’hirondelle de rivage, du
Merle bleu, du Balbuzard pêcheur et de la Buse féroce.
La distribution des couples nicheurs le long de cette côte est
représentée sur une carte géographique de la
région ».