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Jijel-éco, En vert et contre tous |
Chaque pays possède trois formes de richesses: ces ressources matérielles, culturelles et biologiques. Les deux premières sont bien acceptées, car intégrées dans notre vie quotidienne. En revanche, on néglige les richesses biologiques, grave erreur stratégique que nous regretterons de plus en plus.
Les animaux et les végétaux sont une partie de l'héritage d'un pays; ils sont le résultats de millions d'années d'évolution, en un endroit précis; leur valeur est au moins égale à celle de la langue et de la culture. De plus en plus, les organismes vivants sont une source immense de richesses inexploitées, de nourritures et de médicaments, etc...
La majorité des espèces vivent dans les forêts tropicales humides; d'autres milieux sont également habités par de nombreuses espèces, comme les récifs de corail et les plaines abyssales, des océans, ou les landes , mais leurs diversité biologique est bien inférieure à celle des forêts tropicales humides.
La vie s'est développée dans des endroits limités à cause de la stabilité qui serait, selon certains biologistes à l'origine de la diversité. Lorsque l'environnement reste stable suffisamment longtemps, s'édifieraient des superstructures d'espèces, qui peuvent s'effondrer à la suite de perturbations même faibles de leur environnement. La diversité est le résultat d'une évolution longue et difficile.
Les écologistes ont commencer à recenser les "points chauds" biologiques du Globe, c'est-à-dire les habitats à la fois riches en espèces et menacés de destruction, dans les années 80, en dressant au début des listes d'habitats menacés dans les forêts tropicales humides. Norman Myers, un spécialiste de l'environnement tropical a dressé une liste de 10 habitats. D'autres biologistes ont recensés les habitats en péril des forêts tempérées, des landes, des récifs de corail, des systèmes hydrographiques et d'anciens lacs...
Jusqu'à maintenant, l'Algérie ne dispose pas, malgré ses grands espaces, d'une synthèse de connaissances sur la biodiversité végétale de son territoire, ainsi qu'une étude biogéographique globale, nécessaires à des stratégies de protection et de conservation.
Quezel et Santa avaient dressé des cartes floristiques de l'Algérie, où ils décrivaient la biodiversité de la région de Numidie, riche de ses zones humides, sans qu'ils soient résolu à considérer cette partie de l'Algérie qui débute depuis la limite est de la Petite Kabylie jusqu'à la frontière tunisienne, et même au delà, comme une région particulière. Mais voila qu'en 1990, Errol Véla, de l'institut méditerranéen d'écologie et de paléoécologie de Marseille, y fait une surprenante allusion quand à l'existence probable d'une zone sensible dans l'Est algérien. Grâce à ses travaux et ceux de Salima Benhouhou de l'Institut national agronomique Hassan-Badi, d'El Harrach, une nouvelle zone chaude est désormais reconnue dans le bassin méditerranéen, la onzième, par les deux chercheurs, en utilisant une analyse bibliographique attentive de la diversité de la flore rare et endémique dans le Nord de l'Algérie. Selon ces auteures, « cet ensemble "Kabylies–Numidie–Kroumirie" forme un point chaud régional méconnu, constitué de forêts, de montagnes et d'écosystèmes littoraux, menacés par l'anthropisation.»
Bien que le domaine de Numidie possède plus de 50%
d'espèces rares sur le nombre total d'espèces
présentes en Algérie, on a relevé qu'il
présente moins d'endémisme que le point de l'Oranie,
mains un indice de biodiversité plus haut grâce à
la diversité biogéographique due à la
présence de zones humides importantes. Le taux
d'endémisme est décroissant de l'ouest à l'est
(Oranie, Petite Kabylie, Grande Kabylie, Numidie) alors que le taux de
biodiversité l'est de l'est à l'ouest. La Numidie, est
également le carrefour de plusieurs espèces universelles
(tropicales, eurasiatique, méditerranéenne, etc.), d'ou
l'intérêt de larges études sur l'histoire de leurs
origines, ainsi que l'influence inévitable de la dérive
des continents et autres phénomènes tectoniques qui se
sont déroulés durant les périodes
géologiques anciennes. Il est par exemple surprenant de
remarquer la similitude de plusieurs espèces nord africaines
avec celles des îles de Corse et de Sardaigne,
géologiquement détachées de l'ancienne
péninsule ibérique.
Rappelons que Quezel, avait partagé la région de Numidie en différentes secteurs notés K.
Cette division reprend approximativement, selon l'orateur, le territoire de la zone chaude récemment décrite.
Pour mieux compre,dre, reprenons les critères essentiels qui obéissent à la notion de point chaud, ce sont essentiellement:
Concernant le cas de Jijel et de la Petite Kabylie en général, l'auteur déclare que la région est pourvue d'une grande richesse floristique et nul doute faunistique également. Il cite le cas de Polygonum senegalens, espèce afro-tropicale, observée déjà dans le domaine numidien (à Annaba et El Kala ) puis retrouvée à Jijel ainsi que deux autres espèces non observées depuis dans le domaine précité et qui ont été aperçues dans la région de Béni-bélaid; Euphorbia peplis et Echinophora spinosa...
Lors d'une étude faite en 2003 à la réserve de Béni Bélaid, des chercheurs de la direction des forêts, dépendant du ministère de l'agriculture, ont décrit la plante Jussiena repens, signalée par Quezel et Santa (1966) pour la seule région d’Annaba et d’El Kala et où elle n’a jamais été observée depuis. Plusieurs espèces considérées comme rares à l’échelle nationale trouvent leur optimum à Béni-Bélaïd, c’est le cas de Eryngium barreliera, Lippia nodiflora, Carex fllacca, Vitex agnus castus, Paspalum distichum et Apium crassipes.
D'après ce prime constat, on revêt l'importance des actualisations des recherches scientifiques qui valoriseront de facto le patrimoine floristique de notre pays, qui figure désormais parmi les 34 hot spot mondiaux et le 11e au niveau du bassin méditerranéen.
Une autre tâche consiste en la réactualisation des données pour les différents secteurs. On a, par exemple, retrouvé dans certains milieux, des espèces que l'on a jamais noté, malgré le fait de leur richesse établie. Dans d'autres milieux, des espèces connus sont totalement délaissés bien qu'elles aient déjà été décrite par Maire. Dans d'autres biotopes comme dans les plaines ouvertes, les maquis, où l'on soupçonnait aucunement l'existence d'une grande diversité floro-faunistique, il s'est démontré qu'ils étaient plus riches que certaines zones humides qui les jouxteraient dans des cas: exemples des étages entourant le lac Oubeira qui pourtant s'étend sur 24000 hectares. En Numidie, 30 espèces inféodées à l'Algérie ont disparues alors que 30 autres n'ont pas pu être retrouvées au vu du manque de recherches et aux difficultés d'accès à certains sites.
En Algérie, la situation reste délicate bien qu'il existe des parcs nationaux (8 et un en projet) et des réserves naturelles, car d'un coté on s'évertue à protéger la nature et d'un autre on s'acharne à la détruire dans des projets très mal étudiés, dans des actions de destruction délibérées (feux de forêts, autoroute, etc...), en sus de la pression anthropique, de plus en plus forte. L’augmentation des surfaces protégées n'est pas proportionnelle au vaste territoire algérien où de multitudes niches écologiques seraient à découvrir et à préserver.
Karim Hadji Sources: