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Retour à la Tamesguida des Béni Foughal. jijel-archeo
 

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« Pourtant que la montagne est belle... » Jean Ferrat


Retour à la Tamesguida des Béni Foughal

Entre Terfia et Tergou :
quelques kilomètres d'histoire


Le mont Tamesguida Jijel Des cerisiers en fleurs au pied du Tamesguida

Mercredi  30 mars 2010

Une montagne, une seule, a exercé et exerce encore sur moi une forte attraction, que je ne saurais décrire, pourtant il en existe d’innombrables dans notre région escarpée, de toute dimension, de toute difficulté, tellement serrées et en concurrence que l’on ne peut les compter, ni s’en souvenir facilement. Sa silhouette conique est sans pareil, et demeure visible de Jijel.
Après le col de Texenna, c’est elle qui nous accueille en premier en haut de sa dignité. Le regard ne peut pas l’éviter. Dressée au sud, Tamesguida garde et protège fièrement, depuis la haute antiquité, les arrières du pays jijelien et ses chaînes montagneuses littorales. Ce jour de retrouvailles, après les années de crise qu’a connue le pays, ranima en moi d’anciens souvenirs aussi joyeux que gais, en dépit du temps évanoui. Pour vous avouer et le déclarer maintenant, en 1989, j’en avais fait l’escalade. Avec un groupe d’amis au cours d’une randonnée inoubliable de plusieurs jours. Et aujourd’hui, je retrouve ma belle montagne en cette fin de mars 2010.

Nous sommes le mercredi, le 30e du mois; le bus qui se dirige vers les Béni Foughal de Tamesguida s’arrête à la lisière de la contrée des Béni Yadjis. Paysage à Béni FoughalJuste après l’oued Akabal, qui trace la frontière entre ces deux tribus étalées sur les contreforts nord de la montagne, autrefois belliqueuses et réconciliées depuis fort longtemps.


Paysage à Béni Foughal

Malgré la démarche de notre ami auprès du chauffeur, celui-ci a décidé de ne pas aller plus loin, alors que d’habitude, il s’aventurait à une distance beaucoup plus éloignée et même risquée. La mechta Terfia est à nos pieds, mais nous l’ignorons_ Pourquoi ? j’y reviendrai après_ et nous débutons notre marche. Où allons-nous ?

Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je vais revoir ma montagne et descendre en sens inverse l’itinéraire que j’avais déjà emprunté en 1989, du moins dans une petite portion, et aller prospecter une grotte près d’El M’sila. Non ! Pas celle du Hodna. Celle du territoire foughalien. Pour ce faire, un guide local, non assermenté, va nous y emmener mon ami Mohamed, qui trouve du grand plaisir dans ces randonnées et découvertes, et moi.

J’ai hâte de l’observer. Empressé qu’elle consente à m’accueillir. Vous savez maintenant, et je ne vous cache rien, je m’intéresse de plus en plus à la géologie locale et pour les besoins de mes pages et celles qui traiteront du monde souterrain, je vais débuter par dresser de petites notices des grottes visitées. Ce sera un clin d’œil géologique et touristique à la fois. Si vous avez des idées ou des suggestions et plus des sujets, donc n'hésitez point!

J’absorbe vite mes émotions, la montagne demeure fière et éternellement impressionnante malgré le temps passé. Féminine aussi et tout aussi haute. Ne dit-on pas que Tamesguida pourrait être l’une des sœurs de Mezghitane, de Gouraya et même probablement de Saddat. Je consens, on parle peu de cette dernière. Mais, qui en a la preuve ? Et pourquoi ne serait-ce que ces mythiques montagnes berbères qui soient frangines ? Pourquoi laisser aux hommes et aux mâles les oueds ; oued El Kébir, oued Djen djen, oued Adjoul, et j’en passe ? Est-ce une répartition écologico-biologique ? Ou misandro-mysogyne ? À vous de voir.

Vraiment, nos belles montagnes nous ont tout le temps protégées. Telles nos chères mères. Nos oueds serpentés, tout en se tortillant, coulent sournoisement vers la mer, feignent de montrer leurs scénarii de destruction, étouffent le danger menant jusqu’à la catastrophe, en dissimulant leurs ardeurs travesties. Tout au long des années de pluie et des ondées, ils cachent un comportement sibyllin et peuvent à tout moment se déchaîner. Comme s’ils étaient les seuls dépositaires de la colère. Ils possèdent ce caractère torrentueux, androgyno-masculin, qui nous a tant menés à la perte. Ils ne finissent d’ailleurs point de lacérer et déchiqueter nos reliefs, de reporter nos espaces et nos espoirs. Soyons sérieux. Qu’est ce qu’il y’a à Oued Z’hor ? Des fleurs : Vous croyez ? Le pessimisme renvoie sincèrement à la limite, aux frontières invisibles. Questionnez oued El Had !

Nous dépassons les oueds Dahmane et Boutaleb, proche l’un de l’autre, et qui coulent toute l’année. Le chuchotement de leurs eaux essuie le silence auquel nous nous sommes imprégnées depuis ce matin. Ils se rejoignent au loin, près d’El Marsa, paisible coin verdoyant de simplicité, pour former beaucoup plus bas l’oued Bou Nassa[La rivière des femmes]. Une vieille connaissance. Mais je vous en supplie, ne dites point qu'il y avait des femmes!

Effectivement, comme je l’ai déjà précisé antérieurement, bien avant les événements douloureux qu’avait connus le pays, en 1989, j’avais remonté ce cours après avoir campé à oued Djendjen, près de Aïn Bou Kiki, esthétique nom digne d'une Pub,  et la grotte du Kef. Nous sommes montés dès lors jusqu’au sommet de Tamesguida, laquelle cime m’émerveille encore aujourd’hui. Du sommet, je me souviens, nos regards embrasaient toute cette proportion de Numidie, déchiquetée, depuis le littoral jijelien jusqu’à Constantine, et les inoubliables ruines de Djemila qui se paraient des couleurs rougeoyantes du coucher du soleil. On distinguait très facilement les monts de Selma, de Babor et de Tababort, qui semblaient négocier les hauteurs à travers une saine concurrence naturelle et géologique. sentierCe sublime panorama, se complétait à l’ouest par le lac du barrage d’Erraguène, immense parmi les mers, blotti à l’intérieur d’un bol formé de montagnes aussi hautes les unes des autres.

Le sentier longeant le mont Tiourarane
 

Bon, revenons à aujourd’hui, à notre marche ; nous quittons la route pour emprunter les sentiers pédestres, idéals pour la micro-musculation des pieds et la micro-circulation. Mais attention aux entorses. Le mont TiouraraneTout de même, cela devient de plus en plus intéressant. Les lignes bigarrées tracées aux flancs des montagnes nous conduisent facilement en direction du djebel Tirouaouane, un beau monument de calcaire, presque du marbre, blanc, peint de quelques végétaux accrochés à la paroi que l’appel du printemps naissant aurait réanimés.  A son pied, coule dans des schistes noirs un ruisseau, que nous devrions enjamber. En descendant le sentier, je prends le temps de m’arrêter, un affleurement calcaire m’aveugle, si l’on ne se prêtait pas, on aurait dit qu’un tas de neige aurait survécu à l’hiver. Du sucre cristallisé abandonné par la nature. Les géologues appellent cela du calcaire saccharoïde. À propos ! Quelques photos pour la géologie.



Affleurement calcaire Calcaire saccharoïde
Un affleurement calcaire que l'on peut prendre pour de la neige...

Ah ! Encore,L'inscription de Tiourarane notre ami et guide, me montre une portion du rocher où plusieurs personnes nous ont assurés avoir vu, depuis qu'ils connaissent le lieu, des inscriptions inintelligibles. La pierre gravée est jonchée à une vingtaine de mètres au dessus du sentier et reste très difficile d’accès. Au retour j’avais pris un cliché en zoomant à partir de l’éminence d’en face, mais le résultat est insatisfaisant. Regardez la photo.

Notre sentier, nous amène à passer près de la maison de notre ami accompagnateur. Il en profite pour voir la maison et embrasser ses parents. Depuis 1994, il n’avait plus mis les pieds là-bas. Quelques minutes et il en ressort. Nous continuons notre marche sur le sentier qui mène jusqu’à la grotte Tergou creusée dans le rocher calcaire. Des images d’une nature riante se succèdent à chaque détour.

Ce chemin fut jadis emprunté par les maquisards. Il mène vers une maison qui possédait une casemate s'ouvrant sur une ravine, lieu de repli et d’étape dans ce secteur des chefs de la wilaya II. Avant sa mort, le commandant Rouibah Hocine et ses compagnons Ahsène Chikh, Bentobal Saïd, frère de Lakhdar et Boughnout Rabah y avaient passé la nuit près de la grotte du Kef, à oued Bou Nassa. Ils devaient débuter leur marche durant la nuit mais le commandant insista pour qu’il parte le matin. Le lendemain, le 09 novembre 1960, ils furent interceptés par l’armée française à Aïn Lebna où ils furent aussitôt tués avant d’atteindre la zenaie, à l’exception de Boughnout qui réussit momentanément à prendre la fuite enveloppé dans une kachabia essayant dans geste de survie d’atteindre un groupe de personnes au loin et se fendre dans la population. Mais il fut vite repéré par un hélicoptère et abattu quelques dizaines de mètres plus loin. Les chahids regroupés sur un terrain, reçurent les honneurs des soldats français, sur incitation de leur chef. Ne se doutant point de l’importance de ces responsables et étant dans l’incapacité d’identifier tous les martyrs, seuls, les chahids commandant Rouibah, chef politico-militaire de la wilaya II, et Bentobal Saïd furent transporté par hélicoptère au camp militaire de Aïn Romane, près de Texenna, où des membres de leurs familles furent autorisés à venir l’identifier. Les vénérables Ahcène Chikh et Rabah Boughnout, furent au départ de l’armée française, inhumés rapidement par la population qui avait pris soin de cacher totalement leurs sépultures par de la végétation. Ils ne furent plus retrouvés par les soldats venus les récupérer. À l’indépendance, leurs ossements furent rapatriés dans leurs régions d’origines et ré-inhumés dans les carrées des martyrs au coté de leurs frères de combat. Quand à Rouibah et Bentobal, leurs corps, jusqu’à maintenant n’ont pas été retrouvés.
J’espère qu’un jour, une âme sensible d’ici où d’ailleurs, indiquera le lieu de leurs sépultures ignorées de leurs familles et de leur pays, pour qu’il puisse, plus d’un demi-siècle après rejoindre les siens. Qu’ils reposent en paix[Allah Yarham Echouhada].

Sur un sentier en épingle de cheveu, une petite cascade jette son eau dans une chaâba. Cette image, en terrain champêtre, où poussent par bande des fleurs multicolores, m’incite à m’arrêter. Je ne peux m’en passer de prendre des photos. Mes deux amis m’ont dépassé. La nature m’invite à me pavaner, à me prélasser. CascadeMettre la tête sur un oreiller de pâquerettes et sentir les odeurs mélangées de la flore numide et alpestre, en contemplant un frêne qui s’accroche ardûment à un sol en oblique, est la première et impossible envie que j’ai tout de suite ressentie. Puis j’ai pigé que la cascade est muette. Elle jaillit au pied du sentier à la limite des calcaires et des marnes, sans faire de bruit.


La petite cascade

Une petite fleur, unique durant tout le trajet, exhibe sa couleur bleue et mauve d’une délicate harmonie. Sa minuscule floraison refuse l’optique de mon modeste appareil photo.
Au loin, mes amis entrent dans une tente de verdure. Je les rejoins pour admirer un spectacle inouï. Un paysage vert et blanc, digne des couleurs de la JSD, notre équipe locale. Le vert de la végétation et le blanc immaculé des calcaires, parfois aveuglants face au soleil, si abondants, qui autrefois, construisaient des maisons actuellement ruinées et délaissées par leurs habitants, pour cause d’insécurité. Un très beau matériau que l’on pourra utiliser dans la construction. Il est si naturellement taillé. Maison blancheLes joints de stratification visibles sur tout le rocher, les strates peu espacées seront d'une grande aisance pour le débitage des pierres.


Maison en ruine, construite avec du calcaire blanc, déposée dans un écrin de verdure


Arrivés près d'un ruisseau, un berger nous arrête et nous conseille de rebrousser chemin, car le chemin qui mène vers la maison des parents de Abdelali, a été emporté par un glissement de terrain. Sauf, si nous nous aventurions à emprunter un sentier détourné, ce qui augmenterait davantage la distance. D'un accord commun, nous décidons de revenir sur nos pas et aller jeter un coup d'œil en définitive sur la grotte Tergou toute proche. D'ailleurs, notre ami guide nous fait signe de son bras droit pour nous l'indiquer. Perché en contre-jour sur un monticule qu'il a vite escaladé, il s'extasie en nous montrant fièrement l’entrée de la cavité, qu’il persiste à désigner par ghar Ghoula[La grotte de l’ogresse]. L'ogresse, qui à défaut d'une éducation pacifique, nous est agitée, tel un fantôme théorique, pour tempérer les agitations infantiles et les effervescences involontaires de notre petite enfance. De nous redresser.

Des irisements multicolores du soleil en contre-jour voilent l’entrée de la cavité ombragée. L'entrée de la grotte TergouUne légère montée mène à son entrée. On arrive assez facilement au talus verdoyant qui pourrait cacher quelques outils d’une industrie préhistorique. Malheureusement, la végétation masque cette « partie de l’histoire ». Mes amis entrent en premier, ils sont plus sportifs. Nous déposons nos sacs au pied du vestibule. Un petit coup d’œil, pour s’apercevoir que ce « ghar » est petit. Quelques mètres de profondeur, six environ et quatre de largeur. Des reliques de stalactites pendent du plafond. Des gouttelettes d’eau gorgées sans nul doute de calcaire, synchronisent le temps en s’affalant au sol. À l’est s’ouvre une petite fente d’où se répand une lumière auréolée. Des plantes héliofuges jonchent le parterre, l’écuelle d’eau étale ses feuilles arrondies, « capucinées ». Je laisse les détails pour les botanistes. D’autres la concurrence dans ce réduit. Et s’ils n’en veulent point, je traiterais celles-ci prochainement dans la rubrique muséum d’histoire naturelle, en cours de réalisation. La chambre est certes exiguë mais enveloppante, apaisante. Lieu idéal pour cette partie de campagne. On va se reposer et prendre quelques photos. La grotte sera traitée dans la partie géologie,(Monde souterrain)[La grotte Tergou] Cliquez-ici .


Ce pays bouillonnant est plein d’histoires, saturé d'oxygène...


Sitôt la visite de la grotte terminée, Le déjeunernous prenons le chemin inverse pour aller dîner près de la maison de notre guide Abdelalli. D’une bonne gentillesse, il nous dresse une petite table basse en bois, qui sera aussitôt garnie par de beaux morceaux de « kesra » cuits, façonnés et découpés en quart de lune _ les fervents en connaissent le sens, les conservateurs en seront émus _ par les mains expertes d’une femme, sa mère, accueillante et bienveillante sur tous les gestes de son fils. Qu’elle ne cesse d’interpeller pour qu’il se depêche à terminer la table.
Alors, commence la procession du Lben, un bidon s.v.p.[Allah Y Barak], une délectable motte de beurre fraîchement enfantée d'où émane une légère humidité qui se fait suinter sur les côtés, et puis, quelques minutes après, une dose de café noir à l’eau de source.

Le père d’Abdelalli arrive, il nous rejoint à table. Et la conversation commence à propos de l’histoire et les événements passés. Il nous confirme l’existence d’une épave d’avion datant de la deuxième guerre mondiale à quelques kilomètres de là, et que nous ne pourrons visiter aujourd’hui. L'avion allemand aurait été abattu par la défense française. Concernant l’hypothétique inscription du mont Tiouararane, son témoignage atteste de sa vérité ; il appuie son histoire en déclarant, selon sa description, ce que j’ai pu entrevoir comme une sorte de caveau ou d’un bloc évidé de l’intérieur et qui serait sculpté. Ce vestige aurait dégringolé en bas du ravin profond. Plusieurs personnes ont soutenu ces indications intéressantes. Mais l'exploration sera pour une prochaine fois...Je vous tiendrais au courant.

Maintenant, nous remontons la pente pour rejoindre la route. Le soleil est au zénith. Sa forte luminosité a réduit les ombres et recomposa le paysage tel un aplat. Des rochers offrent quelques réflexions. Tout est paisible, et là, quelques flaques d’eau couvertes de lentilles d’eau vertes forment un impressionnant gazon flottant. Nous atteignons enfin la route et débutons notre retour. Deus ou trois kilomètres pour arriver à l’arrêt du bus. En cours de chemin, nous rencontrons Ami Moussa, un gars presque centenaire, en pleine force, soulevant une grosse motte de foin à lui tout seul. Nous l’approchons pour nous indiquer la sépulture d’un français tué durant la guerre d’Algérie, et qu’on dénomme ici, « Kbeur Erroumi » , la tombe du chrétien. Il fut atteint d’une balle tirée de loin et inhumé par la population locale. Dommage que l’on ne connaît point les circonstances de sa venue dans cette contrée, ni également son nom, qui reste pour nous inconnu.
D’un pas forcé, le vieil homme tel un lion en quête d’un but, emprunte avec nous un bon bout de trajet pour nous montrer le lieu de la tombe, « du soldat inconnu » , près de Mzaret es Satura, endroit assez loin, pour que nous puissions nous rendre aujourd'hui.
Finalement, nous le remercions pour son amabilité et nous le priâmes de s’arrêter afin qu’il puisse revenir à son travail, estimant qu’on le dérangera assez, s’il s’obstinait, le gentilhomme, à nous y conduire. Nous le rassurâmes de notre prochaine venue pour s’enquérir davantage de ce pan de l’histoire humaine. Et nous dirigeâmes vers le lieu de notre embarquement qui ne fut pas immédiat.

À notre arrivée, au parking improvisé, un bout de terre plat près d’une piste descendante, déjà, une poignée de personnes scrutait l’arrivée de l’ultime bus. À cette heure, il n’y aura plus de prochain.
Maison en ruineNous entamons avec eux une bonne discussion, sur les potentialités de leur région et des difficultés qu’ils rencontrent. Tout le monde s’attardait sur les événements de la guerre de libération nationale, au point qu’ils ont vite oublié les années sombres et grises d’une guerre toute proche.


Maison abandonnée par ses occupants pour cause d'insécurité

C’est très frappant alors qu’ils en ont souffert. Ils sont restés dignes. Comme leurs aïeuls et leurs reliefs dressés telle une barrière entre la méditerranée et les hauts plateaux sétifien et milévien, que l’élément romain a évité et surtout redouté.

J’ai retrouvé chez eux le vieil accent jijelien, inextricable et vivace, auquel la ville de Jijel en a tourné le dos, pour s’approprier un patchwork de dialectes et de mots d’origines diverses et dès fois lointaines.

Nous étions près de la mechta Terfia, connue pour ses milliaires du XXII miles, très bien traitées par Pierre Salama dans son ouvrage « Les voies antiques entre Igilgili et Sétifis », et la nécropole romaine de Mzaret es Satura, non loin de là. Tout en échangeant des points de vue, un interlocuteur nous montre du doigt le lieu que nous cherchions précédemment : « La tombe du Roumi est tout près de là, près du cimetière musulman » nous dit-il. Seulement c’était assez loin pour que l’on puisse y jeter un coup d’œil. Le tout près du djebel n’est pas aussi près de ce que l’on pourrait imaginer.

Concernant d'autres curiosités archéologiqueset et le restant de vestiges, certains nous ont parlé de la région d’Asmassen, [big name] au-delà du djebel Tiourarane, que l’on a visité ce matin, où il semblerait qu’au cours des labours, des fragments de poterie et de pierres taillées seraient déterrés régulièrement.

Quand aux cavités, deux indications méritent d’être rapporter. Il s’agirait en premier de Ghar Kef el Mecheref à Boudjouada, près d’une source (nabaâ). C’est une grotte très profonde, utilisée par ailleurs durant la guerre de libération par les maquisards. Son entrée, aurait selon d’aucuns, été canonnée par l’armée française. Le second s’assimile plutôt aune ancienne galerie de mine. C’est le Ghar Berkouche[di Berkouche, eh! oui. ]. Mais est ce un? Est-ce une grotte? J'en doute. Selon nos interlocuteurs amis, des rails persisteraient à l’intérieur, tandis que des brouettes et des pioches ont été délaissées. Actuellement son entrée est grillagée. Ce sont les seules informations que l'on a pas pu obtenir. Dès lors, je pense que ce sont les services des mines qui ont la charge de cet endroit qui ont clôturé le site.

Au sujet de mechta Bouchekaïf et de la nécropole romaine de Mzaret es Satura, une autre personne habitant près du site en question, nous confirme avoir effectivement découvert, lors du creusement des fondations de sa maison, une grosse pierre rouge portant une épigraphie ; son ami intervient aussitôt en disant qu’ « il subsiste même un personnage sculptée sur une autre pierre ». Le gros bloc a du être brisé afin de poursuivre les travaux, sans pour autant faire annonce de cette découverte, justement ou pas, pour ne pas être inquiéter et éviter les tracasseries et autres procédures bureaucratiques qui retarderaient définitivement la construction.

Cette attitude est fort regrettable, car elle nuit à la conservation du patrimoine. Mais reste tout à fait cohérente, du fait de la « passivité sociale et culturelle » des responsables en charge des affaires courantes. Que ce soit les responsables locaux ou départementaux, personne ne fait preuve d’une pédagogie ou d’un enseignement, qui ferait que ces populations en soient les premières garantes de leur patrimoine immémorial en leur inculquant une sensibilité, oh ! Combien capitale de leur histoire tout en les aidant socialement. Tout ce monde s’en fiche pas mal de leurs conditions sociales. Chaque maire construit l’école communale près de sa mechta, ou fait traverser la route près de son domicile, même si cela dérangerait 90% de sa population. La plupart des élus de ces populations montagnardes ont le pied à terre dans les chefs lieux des grandes communes. L’élément humain, et c’est le plus important, n’est arrosé par aucune compassion. Également, des tas d’objets archéologiques et historiques sont éparpillés dans leur territoire, sans qu’il s’émeuve de les voir disparaître. Alors qu’un geste simple de ramassage les sauveraient de la détérioration et de la déperdition.

Bon, le bus est arrivé, prenons-le et retournons chez nous !

Karim Hadji pour jijel-archeo

Mais Je vous laisse malgré tout admirer quelques photos


Texenna vue des Béni Foughal  La ville de Texenna vue des Béni Foughal


Paysage à Béni Foughal  Un verger à Béni Foughal de Tamesguida


Vue de Tamesguida  Le sommet conique de Tamesguida


Ferme  Une ferme au milieu de la verdure printannière


Le mont Tiourarane  Le djebel el Kalaâ et le mont Tiourarane en blanc


Un frêne accroché  Un frêne accroché.  L'image n'est pas penchée. Regardez la maison.
Photos: jijel-archeo © 2010 Karim Hadji

jijel-archeo © 2010


 

 
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