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Jijel, d'un repère à un autre

 

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« La gazelle reste dans son pays dans la sécheresse comme dans l'abondance » Proverbe targui

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 Réflexions d'un touriste SUR DJIDJELLI

Réflexions d'un touriste
sur DJIDJELLI

Éxcursion d'une seule journée tenante d'un touriste de passage à Djidjelli en 1886, au printemps. Sa ballade le conduit de la ville jusqu'à la fontaine de l'Oasis, puis aux collines environnantes pour descendre vers la mer. Avant de prendre le transatlantique, eh oui! Jijel possédait le bateau à cette époque, il en exhala quelques impressions qui furent livrées plus tard au journal de l'époque, le réveil djidjellien daté du 16 mai 1886...

Il est oiseux de répéter, après plusieurs adorateurs, à une femme qu'elle est belle: elle le sait; il vaut mieux, quand on s'intéresse véritablement à elle, écarter avec soin tout ce qui pourrait lui être désagréable et lui nuire. Telle n'est point la conduite qu'ont l'air de tenir ceux qui devraient être les plus fervents adorateurs de cette coquette ville de Djidjelli, je veux parler de ces édiles, de ceux qu'elle même a choisis pour seigneurs et maitres.

Nouveau débarqué, je suis, je l'avoue, très peu compétent sur les questions locales; néanmoins il est de ces remarques qui n'échappent à personne, pas plus au vieux bourgeois qu'à l'étranger fraichement émoulu d'un transatlantique, et, si vous le permettez à un ami impartial, il va vous conduire avec lui dans las ravissants environs de cette charmante cité africaine qu'il a été tout heureux de dénicher sur nos côtes algériennes. Il vous dira ce qui l'attire ici. Il vous dira surtout, ce qui lui déplait et qui, hélas! pourrait longtemps éloigner de nos paysages les fanatiques de la belle nature, de l'air pur et du soleil.

Aux Âmes bien nées la patrie est chère

Et, en bon français, je vous dirai que ma patrie m'est évidement bien chère, mais hélas! tout le monde ne peut y vivre et un malheureux physiques doit chercher loin de son froid climat natal un exil assez charmant et assez chaud pour se trouver à l'abri du spleen et des frimas.

Après avoir contemplé une église inachevée, style locomotive, un prétoire où dame Justice faute d'espace, ne doit pas précisément s'ébattre avec aisance, des écoles tombant en ruine et servant de refuge à une armée de parasites, et après avoir fait quelques tours sur la superbe promenade qu'on appelle le square, je sortis de la ville persuadé de trouver un site enchanteur où je pourrais cesser ma vie de juif-errant et planter enfin ma tente.

J'aime la chaleur, vous ai-je dit, mais je crains les coups de soleil, et je me dirigeai vers la seule promenade qu'on me dit être véritablement ombragée et sans danger pour mon crâne. La conduite d'eau est très agréables avec ses doux ombrages et ses frais potagers qui la bordent de chaque côté. Cette promenade poétique et déserte doit faire la joie des amoureux qui cherchent le silence et la solitude.

Au bout de ma route, calmes et majestueux comme une divinité immortelle, mystérieux témoins qui ont vu se dérouler tant d'évènements, s'agiter et passer tant de générations et de peuples divers, se dressent les Béni-Caïd.

Je m'acheminai vers le géant au fond couronné de chênes. A ses pieds coulait un frais ruisseau roulant des eaux claires et limpides; je bus avec avidité dans le creux de ma main, et je respirais à pleins poumons l'air pur qui m'environnait, lorsqu'un vieillard Arabe m'apparut au détour d'un chemin:  «  O roumi! me dit-il, les frères viennent détruire ici l'œuvre d'Allah. Tu vois cette eau que tu bois, bientôt les dépouilles des bêtes sauvages viendront souiller ce limpide cristal; cet air si pur que tu respires, tu le repousseras avec horreur de ta poitrine; le chacal lui même s'écartera de ces rivages: ainsi le veut le bey de la ville. »

L'Arabe s'éloigna, me laissant à mon ébahissement. Je vis alors un passant qui me donna le mot de l'énigme:  «  Cette contrée, cette plaine que vous voyez en face de nous, sont malsaines; les exhalaisons qui s'échappent des marais donnent la fièvre à tous les habitants, qui passent la moitié de l'année à l'hôpital et l'autre à absorber du sulfate de quinine. Tandis qu'avec peu d'argent on pourrait les combler, et alors, ce serait la richesse et la santé pour tous. On dit même que les propositions ont été faites par des particuliers pour exécuter ces travaux moyennant l'abandon seul des terrains. Et on a refusé de pareilles propositions! »

La montagne commençait à étendre son ombre sur les prairies environnantes; je quittai ces lieux condamnés à jamais par une paternelle administration et je me dirigeai vers le bord de la mer. Là, changement de paysages et de décors: dans le fond la mer bleue, sur les collines s'étalent quelques gracieuses fermes.
Il faudrait avoir des jambes d'Achille et d'Hector courant sans s'arrêter dix fois autour des murs de Troie, pour pouvoir continuer mon intéressante promenade; mais, malheureusement, mon appareil locomoteur manque de chaleur et de vapeur. D'ailleurs, le transatlantique va bientôt siffler, et comme les exhalaisons malsaines chéries par les autorités djidjelliennes ne sont nullement de mon gout, je me vois obligé d'aller chercher fortune ailleurs et de prendre mon billet à l'agence.

Un touriste
in le réveil djidjellien du 16 mai 1886

jijel-archeo © 2007

 

 
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