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DZ Digest Press

 

Digest de la presse algérienne sur les questions de l'archéologie, de l'histoire, de l'environnement et de l'écologie...


Zones humides Algérie
Écologie

Zones humides [Dossier]

Plus de 3 millions d'hectares agressés par l'homme

in El Watan du Samedi 02 février 2008

La sécheresse qui s'abat sur l'Algérie, depuis de nombreuses années, pourrait démentir formellement les chiffres avancés par la direction générale des forêts et qui stipulent que le territoire n'est pas constitué que de terre, de pâturage, de sable et de verdure, mais qu'il comprend plus de trois millions d'hectares d'espaces d'eaux et de zones humides.

Qu'il s'agisse de chott, de lac, de sebkha ou de marais, les zones humides font partie intégrante de notre panorama environnemental constituant par-là même des écosystèmes à protéger. Une idée : les zones humides algériennes dépassent en termes de superficie les zones forestière, ce qui laisse pantois quant à la physionomie géographique du pays. En tout, l'Algérie est mangée par 1451 sites dont 42 sont classés dans la prestigieuse liste de Ramsar. Une liste inaugurée par 18 pays en 1971 à Ramsar, en Iran, qui visait à répertorier toutes les zones humides mondiales devant faire l'objet d'une attention particulière. Près de 35 années plus tard, 155 pays ont adhéré à la convention Ramsar qui liste près de 1700 zones humides à travers la planète. L'Algérie a très tôt pris conscience du potentiel « humide » qu'elle avait. Dès 1971, elle intègre le cercle fermé des privilégiés de Ramsar. Aujourd'hui, quelque 42 sites algériens d'importance internationale figurent sur la liste Ramsar et obligent les autorités compétentes à préserver ces lieux à l'architecture naturelle et emblématique. Ces plans d'eau ne sont pas qu'un accident de la nature qui par mégarde auraient empli un réservoir naturel complice de la configuration terrestre. Ces zones sont des lieux d'habitats d'espèces animales et végétales d'une très grande beauté, permettant à la vie de trouver son chemin.

COCON DOUILLET

Les oiseaux migrateurs y voient un cocon douillet pour y planter le plumage le temps d'une pause « terrestre ». Cohabitant sans méfiance avec les espèces autochtones, ces différents individus de volatiles occuperont le même espace, profiteront de ce que l'humidité ambiante ajoutée à la chaleur prodiguera de nourriture. Les têtards deviendront amphibiens, les pousses rebelles se feront arbustes et les oufs écloront pour ouvrir le pas à de nouvelles générations de canards. La sérénité que suggèrent ces étangs qu'un battement de palmes ne saurait perturber, ne doit pas faire perdre de vue que ces zones, bien que classées, bien que protégées par un arsenal juridique intelligemment ficelé, sont la proie de menaces. Des menaces tantôt générées par des appétits gourmands en territoire à conquérir, tantôt issues de l'inconscience collective. Le flamant doit conjuguer avec les pots d'échappement et l'aigrette a coincé son nid entre deux amas d'ordures. Les espèces florales bataillent avec un sachet en plastique qu'un savant calcul chimique aura permis de faire perdurer quelque 400 ans. Une espérance de vie que l'aigrette ne saurait concurrencer même à raison de 10 couvées par an. La direction générale des forêts, qui compte par ailleurs introduire 18 autres sites dans la convention durant cette année 2008, s'est donné pour objectif d'asseoir cette richesse écologique dans notre patrimoine national. Un combat qu'elle ne saurait mener seule vu l'ampleur des travaux et des menaces. A charge pour la société civile d'intégrer la nécessaire protection de ces sites dans leurs priorités quotidiennes. A charge pour les autorités de joindre à l'action les instruments nécessaires à la pérennisation de ces richesses.

Zineb A. Maiche


Zones humides

Célébrée depuis 1997, la Journée mondiale des zones humides est cette année placée sous le thème : « Notre santé dépend de celles des zones humides ».

Ce thème sera aussi celui de la 10e session des parties contractantes à la convention Ramsar qui se tiendra en octobre-novembre prochains en République de Corée. La célébration de cette journée est l’occasion de faire le point sur ces milieux d’une grande richesse biologique, mais extrêmement vulnérables parce que fragiles. En Algérie, depuis une dizaine d’années, un travail d’inventaire considérable a été effectué par la Direction générale des forêts (DGF) qui a la charge de la conservation de ces milieux. Il faut cependant déplorer que le classement sur la liste Ramsar n’a pas, comme c’est courant chez nous, été suivi de la mise en œuvre des obligations qui découlent de ce titre, notamment la mise en application par les plans de gestion du « principe de l’utilisation rationnelle ». On a tout classé à tour de bras, sans prendre préalablement les mesures pour assurer la conservation de ces sites. Il est vrai, certes, que ce n’est pas chose aisée sur le terrain, lorsque la volonté politique fait défaut et que la protection de l’environnement se satisfait de palabres pédants. En revanche, les sites algériens des zones arides (gueltas et oasis) et semi-arides (chotts et sebkhas) ont fait découvrir à la communauté internationale des milieux, jusque-là inconnus et insoupçonnés.

Les lacs d'El Kala encore plus menacés

La wilaya d'El Tarf est celle qui compte le plus grand nombre de zones humides, plus d'une trentaine qui, il faut le préciser, ne sont pas toutes dans le parc national d'El Kala, comme par exemple le lac des Oiseaux. Ajoutons, dans ce même registre, que des zones humides, zones intégrales du parc ne sont pas non plus systématiquement des sites Ramsar, comme c'est le cas pour le lac de Bou Redim. Ceci pour montrer que les statuts de protection et les classements sont deux choses bien différentes, même s'ils ont les mêmes buts et obligations. Avec, en 2006, le classement du lac Mellah et le lac Bleu sur la liste Ramsar, El Tarf a aussi le plus grand nombre de zones humides d'importance internationale. 6 en tout. Les premiers sont le lac Tonga, une zone marécageuse de 2600 ha qui abrite une importante zone de nidification d'oiseaux d'eau, et le lac Oubeira, un étang de 2200 ha qui a connu bien des déboires, à la fois sanctuaire pour des espèces endémiques de faune et de flore, et de « havre de paix » pour les oiseaux. Ces deux sites ont été inscrits en 1983 pour permettre à l'Algérie de déposer les instruments de ratification à la convention Ramsar qui, rappelons-le, est le seul traité gouvernemental à concerner exclusivement un type de milieu bien déterminé. Puis vint la grande vague des classements avec en 1999, le lac des Oiseaux un étang de 40 ha puis, en 2003, l'infortuné lac Noir, disparu pendant dix ans, aspiré par des forages et, avec lui, des espèces endémiques et reliques, puis réapparu miraculeusement il y quatre ans à la faveur d'une bonne pluviométrie mais, bien entendu, sans sa faune et sa flore si particulière. En 2003 également, l'aulnaie de Righia, forêt humide marécageuse, qui avec ses 600 ha forme l'unique peuplement de cette étendue en Afrique du Nord. Elle est grignotée de toutes parts par l'extension illégale mais autorisée, de « parcelles agricoles urbanisées ». Le Parc national d'El Kala, qui a la mission de protéger un inestimable patrimoine naturel, doit beaucoup à ses zones humides. Sa renommée internationale et surtout sa place en tant que principal centre de la biodiversité en Méditerranée.

Slim Sadki


Les espèces disparues
Hippo et girafe

Difficile à croire que le dernier crocodile (cocodylus niloticus) de la vallée d'Iherir a complètement disparu en 1924, année où le dernier sujet a été fusillé.

De nombreuses espèces animales ont occupé les zones humides algériennes et leur disparition, pas toujours expliquée, peut être due à l'invasion humaine, à la surchasse, ou au réchauffement climatique. Seul témoignage qui aura traversé le temps : les représentations rupestres. Il est permis d'affirmer, par exemple, que dans la vallée d'Iherir, classée convention Ramsar depuis 2001, l'autruche y a fourragé sa tête, que l'hippopotame s'est fait des bains de boue et que le rhinocéros a côtoyé la girafe et quelques carnivores, comme le lion et le chacal. Sur une superficie actuelle de 6500 ha, la vallée d'Iherir se situe au milieu d'un plateau grésilleux qui sert d'habitacle à de nombreuses représentations rupestres, permettant d'apprécier l'évolution des biocénoses sahariennes depuis l'holocène (7 à 10 000 ans).

Zineb A. Maiche


Brèves
La sarcelle marbrée

Cette espèce a niché au lac Fetzara. Plus récemment elle a été observée en Oranie, à Réghaïa, et près d'El Kala. Une partie de la population nicheuse d'Algérie hiverne probablement au Sahel et dans les oasis sahariennes qui sont utilisés comme étape de migration. Classée « vulnérable » par l'UICN.

L'aulne glutineux

Les aulnaies, derniers vestiges des forêts d'Afrique du Nord, reculent depuis au moins 20 ans, victimes des coupes sauvages et de l'extension de l'agriculture. Présentes de manière symbolique à l'extrême nord-est du pays, ces aulnaies constituent pourtant un refuge très particulier pour la faune en été, en raison de leur microclimat.

L'urothemis edwardsii

Dans les années 1990, deux populations de cette libellule afrotropicale ont été trouvées au lac Bleu et au lac Noir (El Kala), mais celle du lac Noir s'est éteinte lorsque ce dernier a été drainé et incendié. Elle est classée « en danger critique d'extinction » dans la liste rouge des espèces menacées.

Le triton de Poiret

Limité à la région de l'Edough (Annaba) et dans la région des Zibans (Biskra), il pourrait bientôt disparaître. Sa présence, qui remonte à plus de 5 millions d'années après une intrusion marine, est de plus en plus menacée par la pollution et le développement des habitations à proximité des eaux stagnantes dans lesquelles il se plaît.

Mélanie Matarese

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Proposé par Karim Hadji