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La Méduse chez la fille aînée de Ben Ali
Archéologie

Pièces archéologiques volées en Algérie

La Méduse chez la fille aînée de Ben Ali

in La Nouvelle République du Lundi 24 janvier 2011

La Méduse, une pièce archéologique datant de l’époque romaine, volée vers la fin des années 1990, du musée de Annaba, est en Tunisie. Précisément dans une des chambres du palais «El Matri», du nom de l’époux de la fille aînée du président tunisien déchu Zine-Abbidine Ben Ali.

Avec ses deux sœurs Euryale et Sthéno, toutes les trois monstres ailés au corps de femme, la Méduse, pièce archéologique inestimable, car unique en son genre, pèse plus de 300 kg. Une masse inerte qui n’a pas empêché, par une nuit étoilée, des indésirables de l’enlever de son socle au musée d’Hippone de Annaba et de la faire disparaître. Depuis, d’atermoiements en atermoiements et de silence complice à la mise sous l’éteignoir du dossier, on n’a plus entendu parler de la Méduse.

La Méduse

A ce jour, les autorités algériennes se sont contentées d’alerter l’opinion internationale sur cette disparition appuyée d’une plainte auprès des instances internationales concernées. On l’a découverte, hier dimanche, au journal du matin à 7h, à l’occasion d’un reportage télévisé réalisé par une chaîne arabe moyen-orientale. Durant plusieurs minutes, la caméra avait balayé avec son zoom les biens mobiliers et immobiliers propriétés des familles de Zine El Abbedine Ben Ali et son épouse Leila Trabelsi. Le caméraman avait insisté sur les objets archéologiques. La Méduse était bien là aux côtés de beaucoup d’autres pièces, dont les 7 têtes sur les 9 de la famille de l’empereur romain Septime Sévère. Deux de ces têtes avaient été récupérées à partir d’un poste frontière tunisien par Mme Zahia Benarous à l’époque chargée de la Culture. Une récupération qui a pu être réalisée à la suite du tapage médiatique résultant du vol de ces têtes du musée de Guelma. On peut aujourd’hui s’interroger sur la multitude d’objets volés des différentes régions archéologiques de l’est du pays. Au-delà de Annaba et Guelma, il y a Madaure, Khemissa, M’daourouch et Tébessa. Pièces romaines et barbares, tableaux mosaïques, le buste de Aemilius Papinianus, juristconsul romain mis à mort par Caracalla, et autres ont disparu de musées et institutions de la République algérienne censées être sécurisées. Que sont devenues les 5 000 pièces d’une inestimable valeur culturelle datant de la période romaine et découvertes dans une jarre enfouie à l’intérieur d’une école à M’Daourouch. Pour avoir voulu les remettre à qui de droit, le chef de daïra de cette circonscription administrative de la wilaya de Souk Ahras avait été froidement assassiné. Mais c’est certainement le vol de la Gorgone de Annaba qui marquera les esprits de part l’audace des auteurs du vol. Un bloc de 300 kg représentant cette statue nécessitant, de par sa valeur archéologique inestimable, un grand soin pour son déplacement et son transport qui disparait en un tour de mains. Même le fameux Arsène Lupin n’aurait pas fait mieux.

Il n’y a pas eu d’enquête et encore moins d’investigations. Comme cela se fait toujours dans notre pays, l’on s’est limité à enregistrer le vol pour enterrer définitivement le dossier. Et pour cause, selon nos sources, le vol avait été commandité à partir de la Tunisie et la Méduse a traversé la frontière algéro-tunisienne dans le strict respect de la légalité au vu des faux vrais documents présentés portant sur le transfert dans le cadre d’une opération d’échange entre les deux pays.

Ces vols et disparitions ont concerné également de nombreux tableaux de maîtres. Et si pour la chambre de commerce et d’industrie Seybouse Annaba un petit bout de papier fait fonction de prise en charge par la wilaya de Annaba de trois de ces tableaux que l’on n’a plus revus depuis, les APC de Annaba et Skikda ont un autre son de cloche à faire entendre. La réponse des responsables locaux interrogés confine à l’absurde : «On ne sait pas où sont passés les tableaux de maîtres en question.» Or, avant leur disparition, ces tableaux étaient exposés durant de longues années dans les halls de ces deux institutions. C’est dire que ni la brigade de la Gendarmerie nationale spécialisée dans les enquêtes sur les vols d’objets d’arts et archéologiques, mise en place depuis des années, ni la police et encore moins les services de la police internationale ne se sont donné la peine d’investiguer. Il a fallu qu’une caméra de télévision balaie accidentellement les biens dans la propriété de la fille aînée du président tunisien pour que la Gorgone algérienne montre le bout de son nom et Septime Sévère les têtes de sept de ses proches. Ces pièces ont été reconnues et identifiées par de nombreux téléspectateurs algériens, lesquels, tout autant que nous, suivaient les événements qui ont ébranlé la Tunisie voisine.

A. Djabali

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Proposé par Karim Hadji