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Digest de la presse algérienne sur les questions de l'archéologie, de l'histoire, de l'environnement et de l'écologie...


Patrimoine archéologique à Tubirets: jijel-archeo
Archéologie

Débat sur le patrimoine à la Bibliothèque communale de Bouira

Journée de formation sur le patrimoine archéologique à Tubirets

in le Jour d'Algérie du Samedi 29 mars 2008

L’histoire de notre pays est un tout et il n’est pas bien d’entendre dire que telle époque, qu’elle soit romaine, ottomane, byzantine, arabe, almoravide ou hispanique est préférable à l’autre.

Nous croyons que c’est dans notre diversité que nous tirons notre rassemblement, force et homogénéité. Il ne faut pas que les considérations idéologiques nous embrigadent dans des jugements malsains, il est question de connaître son histoire pour s’identifier et savoir d’où nous venons et où nous allons. En somme, c’est le thème de la rencontre qui a eu lieu récemment à la bibliothèque communale de la ville de Bouira, organisée par l’association Histoire et archéologie et encadrée par le docteur Abderrahmane Khelifa, chercheur, archéologue, historien. Cette initiative rentre dans le cadre de la formation des jeunes dans le domaine du patrimoine historique et bien entendu de la reprise de la mémoire collective.

Pour illustrer au mieux le contexte, le professeur Khelifa a axé son intervention sur la mise en valeur des plus importantes villes du pays qui regorgent de vestiges historiques antiques. A l’exemple de la ville de Constantine, la ville berbère a été prise pour exemple tant son passé remonte loin dans le temps où elle s’appelait la Cirta des numides, comme Syphax, Massinissa et Jugurtha prouvent que l’Algérie avait réellement une civilisation, la langue berbère étant considérée comme la plus ancienne de la région, elle date de 300 ans avant JC selon l’orateur. La ville de Batna recèle des fragments d’histoire qui méritent de faire partie du patrimoine universel, nous bénéficierons ainsi du savoir-faire d’experts étrangers dans leurs réfections et d’une aide financière par les organismes concernés, afin de sauver ces vestiges historiques de la décrépitude. Contrairement aux grecs qui nous traitaient d’État barbaresque, parce que pour eux tout ce qui n’était pas grec était considéré comme «barbarus» c’est à dire attardé. Le conférencier a ensuite parlé de la capitale Alger qui, d’après lui, ne reflète pas vraiment son véritable nom, soulignant qu’il était grand temps de restaurer, avant leur disparition, ses sites historiques qui font d’elle une citadelle aux merveilleux palais, mosquées, casbah, bastions..., lesquels se trouvent malheureusement dans un état de délabrement avancé provoqué aussi par les aléas du temps. Sétif, une autre ville que le célèbre archéologue Khelifa qualifia de légendaire par la présence sur son sol de pas moins de sept (7) monuments historiques dont la classification au patrimoine mondial a été proposée à l’UNESCO. Ainsi, ces sites seront protégés par les statut y afférents et jouiront de toute l’attention des spécialistes du domaine pour leur maintien. La ville de Souk Ahras a vu naître l’érudit Saint Augustin qui a, selon l’historien, dépassé l’entendement en matière d’études dans le monde où plus de 50 000 livres et publications ont été édités, les unes d’ordre biographique, les autres d’ordre analytique. En conséquence, revendiquer le patrimoine d’Apulée est plus qu’une nécessité, un devoir. Pour étayer son argument, l’intervenant a raconté un fait qui s’est produit lors d’un séminaire dédié à Saint Augustin quelque part en Algérie. Des invités du monde entier ont afflué, les invités tunisiens n’ont pas daigné honorer de leur présence l’événement, parce que tout simplement ils croient dur comme fer que Apulée appartient à leur histoire, alors qu’ils savent pertinemment qu’il est Algérien. Certes, Souk Ahras est frontalière avec la Tunisie mais pas au point de vouloir revendiquer une paternité qui n’existe pas. Une manière de montrer à quel point le legs de Saint Augustin suscite convoitises et jalousies. Le professeur Abderrahmane Khelifa est parlé ensuite à la ville de Tlemcen dans laquelle, a-t-il indiqué, il avait procédé à des travaux de fouilles et découvert lors de son expédition des fragments de l’une des premières et plus anciennes mosquées construites vraisemblablement dans le pays et qui porte le nom de la mosquée Agadir. Le chercheur a été à l’origine de cette importante localisation.

Après avoir dénombré toutes ses richesses et en mis en exergue d’autres vestiges historiques se trouvant à Alger, Tipasa, Ghardaïa,…l’éminent archéologue est revenu, à la fin de son exposé, sur les repères historiques que renferme la wilaya de Bouira et qu’il a classés en trois dimensions. Il a précisé aux étudiants que la région de Bouira représente la richesse végétale, minérale, culturelle et historique. Ces jeunes étudiants de Bouira ne mesuraient pas la valeur de cet héritage considérable, ou du moins, ne connaissaient pas le grand patrimoine que recèle la région. Ainsi, le chercheur a encouragé les jeunes étudiants à mettre en valeur les ressources historiques inestimables de leur région, il cita comme exemple la ville de Sour El Ghozlane qui fourmille de vestiges historiques retraçant diverses époques, romaine, turque, française, berbère... Et ce n’est pas un canular ou un conte de fée, lorsque nous racontons que le tombeau de Massinissa est érigé du côté d’El Mokrani, une localité située à quelques kilomètres de Sour El Ghozlane où il combattit l’envahisseur romain jusqu’à sa mort héroïque. Subsistent encore dans cette ville antique, les trois légendaires portes : Bab Essebt, Bab El Djazeir et Bab Boussaâda. Edifiées en forme d’arc, les trois portes se maintiennent comme par miracle. Elles ont résisté vaillamment au temps. Toujours dans cette ville se trouvent les grandes murailles d’Auzia datant de l’occupation romaine et la mosquée El Atik. Ces repères historiques demeurent encore mais ils nécessitent un grand entretien qui fait malheureusement défaut. Pratiquement tous les vestiges historiques sont dans état déplorable et d’abandon. Le secteur de la culture avait, à maintes reprises, assuré de les restaurer et est même allé plus loin en décidant la création d’un musée d’histoire dans la ville de Sour El Ghozlane lors de la dernière visite de la ministre de la Culture dans cette région, eu égard à l’important legs historique qu’elle recèle. Selon toute vraisemblance, 13 sites historiques auraient été dénombrés dans la wilaya de Bouira, mais nous pouvons penser à plus, en l’absence de travaux de fouilles consentis dans la région, malgré la présence de cités antiques à l’instar de Sour El Ghozlane. La ville de Bouira n’est que le prolongement de Sour El Ghozlane avec ses sites archéologiques à sauvegarder. Nous ne citerons que le célèbre fort turc situé à Draâ El Bordj et l’ancienne église qui a été transformée en école de musique mais qui garde encore son cachet initial. Il existe une autre église dans la ville de Aïn Bessem qui semble être en meilleur état.

Farid Haddouche

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Proposé par Karim Hadji