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DZ Digest Press

 

Digest de la presse algérienne sur les questions de l'archéologie, de l'histoire, de l'environnement et de l'écologie...


Scipion l'Africain
Archéologie

Patrimoine archéologique en péril

Scipion l'Africain vandalisé

in El Watan du Dimanche 28 octobre 2007

Au mépris des lois et des appels d'urgence, le mausolée est transformé en lieu de réunion des alcooliques et des drogués.

Monument historique, datant de la fin du IIIe siècle avant J.-C., dédié au vainqueur de Hannibal lors de la deuxième guerre punique, responsable de la chute de Carthage, Scipion l'Africain (de l'illustre famille romaine P. Cornélius Scipia Africanus Major), le mausolée situé à 1 km à l'ouest de la Citadelle romaine, en face de l'université, entouré par un nombre important d'habitations n'a, semble-t-il, pas droit au traitement réservé aux monuments historiques. Au mépris de toutes les lois et de tous les appels lancés par les amoureux de l'Histoire de l'Algérie, le mausolée est transformé en dépotoir et lieu de réunion d?alcooliques et de drogués en tout genre. Ce vestige de l'Histoire de notre pays a dû subir, d'abord la sauvage implantation de maisons et constructions tout autour dans les années 1990, et voilà que maintenant, et malgré l'article 43 de la loi 04/98 datant du 15 juin 1998, définissant le patrimoine culturel et délimitant le périmètre de protection à plus de 200 m, ce monument historique, dont les effets du temps n'ont pu venir à bout, continue d'endurer les actes de barbarie et d'ignorance « humaines ». Une clôture métallique aléatoireLe mausolée dit de Scipion l'entoure, les mauvaises herbes « bouffent » le carrelage implanté tout autour, les ordures sont déversées partout, jusqu'à l'intérieur même du mausolée. Des pans entiers tombent, et les murs sont « décorés » de tags grossiers, exprimant la détresse de notre belle jeunesse. Pis encore, le quartier de la Citadelle, poumon de la cité romaine classé le 19 février 1979 par l'État algérien patrimoine national, a été rasé par les représentants de ce même État, qui l'ont transformé en parc d'attraction. En fait, il n'a de parc que le nom et ce, parce qu'en violation de la loi régissant le secteur archéologique (ordonnance n° 67/281 du 20 décembre 1967). L'Unesco, qui souhaitait aménager le site où sont enfouis les restes des nombreuses civilisations (fatimide, vandale, romaine) en parc archéologique, n'a malheureusement pas obtenu l'aval des décideurs de l'époque qui ont, faut-il le rappeler, mis à sac le « bien » de tout un peuple. Le site de Aïn Lahnèche (à 7 km de la ville d'El Eulma), ayant vu apparaître les premiers contacts de l'homme avec la nature n'est, quant à lui, pas mieux loti. Il semblerait aussi qu'aucune des institutions archéologiques et culturelles ne soit concernée par l'entretien et la protection des monuments et vestiges de l'antique Sitifis. Sous d'autres cieux, de tels monuments seraient « chouchoutés » et feraient la fierté de la cité, pas chez nous !!!

L’épaisseur du mur de fond de l’établissement dépassait de peu 1,5 mètre de sorte à réduire l’incursion de l’humidité et à éviter les moisissures, relèvent les mêmes spécialistes qui signalent que ce qui reste actuellement de la superstructure de la bibliothèque ne fournit aucune information de la méthode utilisée pour capter les sources de lumière.

Une inscription datée du début du 3e siècle immortalise le nom du mécène à l’origine de la construction de l’édifice : Iulius Quintianus Flavius Rogatianus. 400.000 sesterces soit 4.000 aureus (pièces d’or romaines) dont la valeur marchande du poids équivaut aujourd’hui à près de 600.000 dollars US (40 millions dinars) ont été ainsi offerts par cet ancien vétéran de la troisième légion militaire d’Auguste pour la construction de cet établissement.

Kamel Beniaiche & Nabil Lalmi

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Proposé par Karim Hadji