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Jijel, Archéologie d'un espace

 


Archéologie

« Le passé n'est pas derrière nous, il est sous nos pieds » Proverbe arabe

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 Patrimoine et droit d'auteur @t jijel-archeo

Culture, patrimoine et droit d'auteur

Administrant un site qui s'attache au patrimoine, chaque année j'éprouve le souhait de le commémorer le mois qui lui est dédié. Mais je n'arrive pas à le faire et je ne m'habitue nullement à cette idée de mois du patrimoine sans actions concrètes. Pour cette année 2012, je ne déroge pas à ma « tradition » et continue à bouder le « ramadhan du patrimoine », tout en continuant à travailler autrement, en faisant découvrir les richesses archéologiques insoupçonnées de notre région. Et surtout en soulevant un phénomène, de plus en plus préoccupant, celui de la violation de la propriété intellectuelle.

Patrimoine : l'individualité de l'esprit du droit d'auteur face à la l'hégémonie collective de l'humeur culturelle

Beaucoup de sites web s'échangent des informations de façon informelle. Mais beaucoup d'autres puisent les contenus sans aucune retenue et s'approprient le travail que d'autres ont sués pour le diffuser et le mettre à la disposition du public. Et ce sans qu'ils jugent qu'il soit nécessaire de citer les sources ou demander une autorisation auprès de leurs auteurs. D'autres par contre le font correctement, en signalant l'origine du travail, et s'interdise de mettre tout le contenu de l'article. Préférant publier un extrait avec une analyse si possible et en renvoyant vers le site source pour plus de détails, respectant ainsi l'auteur de la besogne. Certains aussi révérencieux demandent une autorisation, qui n'est généralement pas refusée, auprès des auteurs.

Mais en consultant un prospectus, qui m'a été remis par un ami, édité par la direction de la culture de la wilaya de Jijel en 2010, je fus totalement stupéfié et abattu. Non seulement je reconnaissais beaucoup de mes photos, mais également des pans de mes textes en entier traduits en arabe et enchaînés dans la même forme que la mienne que j'avais adoptée dans le site que j'administre (jijel-archeo.123.fr). Ceci sans que ne soit mentionné le nom de l'auteur des articles en question, ni une allusion du site où ils ont été puisés. Pour vous dire que j'ai été dégoûté et découragé au point que je me suis résolus de ne plus rien publier. J'en suis resté là des semaines. L'obsession tentante de fermer complètement le site m'a longtemps poursuivie et m'effleure encore. Peut être devrais-je suivre une autre voie, en besognant dans mon coin et faire des publications. Plusieurs amis me l'ont suggéré. Mais comment faire avec mes lecteurs.

Le patrimoine est un tout et la notion de droit d'auteur en fait partie

On a tous remarqué que des sites web font du copié-collé de la même façon mais quand cela provient de la direction de la culture, entité censée protéger les arts et leur corollaire les droits d'auteur, je me demande où l'on va. Personne n'a daigné envoyer un message, avertir, ou demander une autorisation qui franchement n'aurait pas été refusée. Les politesses on s'en moque. On s'interroge par ailleurs avec tristesse sur l'image d'une institution publique locale, de surcroît censée défendre les artistes, les écrivains, les hommes de culture, s'autorisant machinalement à plagier l'ouvre d'une autre personne, sans la citer au moins une fois, et faire fi des sources puisées d'un ou de tant d'autres portails, alors qu'elle aurait du leur en faire de la promotion? L'on a littéralement aspiré tout une partie d'un travail consciencieusement élaboré, avec la vigueur scientifique qui sied à ce genre de besogne, pour ne pas dire recherche. On suit en cela la cohorte de sites web qui respirent grâce au travail des autres.

Tout le monde le sait, dans le web comme en sciences, certaines affirmations sont régulièrement remises en question et mises à jour, lorsque de nouvelles données apparaissent ou que des précisions sont jugées nécessaires. Ce que certaines personnes en charge de l'activité culturelle et autres copieurs méconnaissent.

Voyons quelques exemples :

La carte archéologique de la wilaya de Jijel, déjà publiée en 2007 par jijel-archeo, qui agrémente le texte du prospectus en question ressemble étrangement à la mienne. Il y a eu seulement quelques rafistolages ça et là, avec d'ailleurs beaucoup d'erreurs, pour essayer d'éblouir le lecteur et les personnes non averties du fait culturel et historique de la région. (Voir image cliquable 1)

prospectus2010 carte jijel-archeo villes romaines de Jijel carte jijel-archeo
Image 1. Prospectus édité par la wilaya. Cliquez sur une partie pour voir les analogies avec notre site Image 1. Prospectus édité par la wilaya. Pour agrandir l'image du prospectus,
cliquez-ici : Prospectus (recto)

Quand aux villes romaines de la wilaya de Jijel, toute la réflexion a été reprise entièrement de mon site, du grand mot à mot arabisé. Et sans rentrer dans les détails j'invite les lecteurs et les internautes de consulter ma page web et la comparer avec celle du prospectus en question. (Voir image cliquable 1). Même chose pour le site archéologique de Tissillil et les images. (Voir image cliquable 2)

prospectus2010_v.jpg Le site de Tissillil
Image 2. Prospectus édité par la wilaya. Cliquez sur une partie pour voir les analogies avec notre site Image 2. Prospectus édité par la wilaya. Pour agrandir l'image du prospectus,
cliquez-ici : Prospectus (verso)

Malheureusement, sur un prospectus élaboré par des personnes non informées, des erreurs peuvent glisser, sans que l'on s'en aperçoive. Par exemple, la Tucca (fines africae et mauritanae) n'est pas à Agouf, sur le site de Tissillil. Par contre, la direction de la culture à Jijel et les concepteurs du prospectus ne le savent pas, malgré les journées d'études et tutti quanti, certaines recherches récentes la situeraient près du Hama des Béni Haroun, dans la chaîne du Zouagha. D'ailleurs, sur ce présent site, j'en ai fais une légère description, sujette elle aussi à des modifications, si avec de la chance d'autres découvertes interviendraient. Vous pouvez lire l'article dans la rubrique out of Jijel.

Concernant, Tucca d'El Merdja, ce n'est point le militaire français Derrien, qui cite « Oppidum Tucca impositum manet flumini Ampsagae », mais sûrement Pline. Le site en lui-même n'en est pas loin de l'embouchure de Oued el Kébir (Ampsagae).

Ils existent plusieurs assertions erronées, pour ne pas trop m'attarder sur les errements de certains, voici un corrigé des fautes trouvées :

  1. Au niveau de la région, les routes sont devenues rues.
  2. Ottoman est transcrit authoman.
  3. Le fort Dusquesne est employé comme générique à des forts existants.
  4. Les ruines romaines ne se conjuguent plus au féminin (romains).
  5. Il est une légende pour mosaïque romaine, alors qu'aucune n'est mentionnée sur la carte.
  6. La grotte merveilleuse n'est pas une grotte préhistorique mais géologique.
  7. Les ouled Bel Afou ne sont pas au grand phare.
  8. On ne connaît pas l'emplacement de Cedamussa et l'on se demande si ce n'est pas un pagus.
  9. Oued Nil n'est pas mentionné, remplacé par oued Hadjadj et on a créé un nouveau : oued Béni Amrane.
  10. Le Castellum Victoriae n'est pas au grand phare. Jusqu'à maintenant on n'en a aucune preuve.
  11. Le castellum de Bab Essour ne récoltait pas l'eau de pluie comme il est écrit sur le prospectus mais distribuait l'eau à la ville d'igilgili qui provenait des sources d'El Oasis grâce à un aqueduc qui a disparu.
  12. Aucune recherche aujourd'hui ne peut affirmer que la mosaïque de Toualbia fasse partie d'un ensemble de thermes (frigidarium dans le prospectus).

Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais

Je vous cite à la fin une déclaration écrite qui m'a fait beaucoup sourire, « Reproduction interdite » apposée à un coin du prospectus. On s'arroge tous les droits et on les dénie aux autres. Allez y voir, « faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais... ». Mais cela n'est rien proportionnellement aux autres dégâts consommés.

C'est désolant par exemple que l'on s'émeuve dans des pages web, de vols d'antiquités et d'objets archéologique, et qu'en parallèle ces mêmes sites web puisent énormément d'articles d'autres sites, sans en citer convenablement les sources, ni leurs auteurs. Mettre presque la totalité des photos et des textes est une atteinte aux droits d'auteurs au même titre que celle faite au patrimoine que l'on juge en criant à toutes les fenêtres qu'il est « gravement atteint ». Tout l'intérêt d'un travail est ainsi dévoyé et ses concepteurs négligés et marginalisés.

Je pense que les droits d'auteur font partie de la protection culturelle, à hauteur de la préservation du patrimoine, une des tâches de la direction qui porte le même dénominatif. L'oublier, c'est faire preuve d'incivilité, c'est montrer un manque d'égard aux hommes du beau, du savoir, de la « Culture », c'est tomber dans la facilité du copier-coller, puis plus tard, du copié mal collé. Une porte grande ouverte vers la dépréciation neuronale.

Au lieu de promouvoir par exemple les sites culturels et scientifiques et promouvoir le point dz, en leur offrant des hébergements gratuits, on continue d'administrer la culture pour ne pas dire la dompter, pour faire de nous des spectateurs d'un cirque itinérant.

Épilogue

C'est la fin du mois du patrimoine de l'année 2012. Comme beaucoup d'entre nous, j'aurais aimé fêter cet événement comme il se doit, et vous donner les dernières découvertes faites par nous concernant l'archéologie jijelienne, dérobée au regard et éparse. J'ai d'ailleurs une radieuse nouvelle à vous annoncer prochainement sur ce site et peut même dans un journal.

Comme vous le savez, notre site et notre travail a pour but de faire connaître et faire aimer l'archéologie scientifique à nos concitoyens. Qui par leur enthousiasme, sauront défendre et protéger le patrimoine. Je pense particulièrement aux différents sites archéologiques fortuitement exhumés ça et là et aux divers objets et inscriptions sur lesquels on ne porte aucune importance ni on procède à leur étude ou analyse même succincte.

J'aurais aimé que nos institutions locales (direction de la culture, musée,..) aillent ramasser nos antiquités jetées dans la nature majoritairement dans les montagnes. Bornes milliaires, stèles, mosaïques, poteries, pièces de monnaies, tout y est pour créer une collection digne d'un musée. En s'alliant avec les mairies, qui prodigueront aide et logistique nécessaires, en faisant appel à des compétences et aux bénévoles, l'on pourra établir des procès-verbaux et des inventaires, en présence d'agents institutionnels (gendarmerie ou police nationales). Tâche primordiale pour laisser des traces écrites sur les objets prélevés avant leur acheminement vers le musée Kotama de Jijel, dépouillé et pauvre en antiquités, et éviter leur pillage. Voilà des actions concrètes que l'on peut entamer, et nous serons partie prenante si l'on fait appel à nous. Autrement, que l'on ne vienne pas nous entonner des chants que l'on ne comprend pas.


Karim Hadji

jijel-archeo © mai 2012


 

 
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